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Détacher le Franc CFA de l'Euro, une chance ou une catastrophe ?

Dernière mise à jour : 30 déc. 2023


Un détachement du franc CFA de l’euro pourrait générer deux scénarios diamétralement opposés

(Source : Forbes Afrique)

Crédits : Issouf SANOGO

Auparavant rattaché au franc français, le Franc CFA est arrimé à l’euro depuis le 1er janvier 1999. Mais de plus en plus de voix s’élèvent sur le continent pour protester contre les accords de coopération monétaire liant la France à 16 pays d’Afrique subsaharienne depuis le 26 décembre 1945. Derrière cette revendication, la volonté de récupérer un peu plus de 72 milliards d’euros, somme qui correspond à 50 % des réserves de change de ces pays auprès du Trésor public français, selon un rapport émis par la zone franc. Penser que cette « cagnotte » pourrait à elle seule booster la croissance économique au sein de cet espace monétaire est un leurre : en passant d’un régime de parité fixe à un système de change flottant, le franc CFA deviendrait soumis à la loi de l’offre et de la demande et sa valeur serait déterminée dans les salles de marchés, au même titre que celle de la livre sterling ou du yen. La variation de son taux de change dépendrait également du niveau de richesse des pays concernés, de leur croissance économique et de leur stabilité politique. Dans ce contexte, malgré les 3 600 milliards de francs CFA mis au service du développement, l’« autonomisation » du franc CFA pourrait avoir des effets dévastateurs sur ces économies au niveau de développement inégal et encore très fragiles pour la plupart d’entre elles. À moins qu’une politique volontariste soit menée au sein de l’organisation monétaire africaine.

Le scénario catastrophe

Sous la pression du peuple et sur fond de militantisme panafricaniste affiché par quelques hauts responsables politiques, les autorités de l’Union monétaire décident, d’un commun accord avec la France, de supprimer la parité entre le franc CFA et l’euro. Disposant d’une marge de manœuvre réduite, le gouverneur de la nouvelle Banque centrale panafricaine, issue de la fusion entre la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), n’a même pas eu le temps d’ériger les fondements de sa nouvelle politique monétaire et de réfléchir à la création d’une monnaie unique autre que le franc CFA. Anticipant une forte dépréciation de la monnaie africaine, particuliers et entreprises effectuent un retrait de capitaux massif et placent le surplus de leurs liquidités sur des comptes bancaires en France et en Suisse. Conséquence : les banques, totalement ruinées, sont acculées à la faillite. Les capitaux étrangers ne sont plus majoritaires à la BRVM (Bourse régionale des valeurs mobilières) d’Abidjan, et le cours des actions chute vertigineusement puisque les investisseurs internationaux vendent tous leurs titres en raison de la dépréciation du franc CFA, entraînant dans son sillage la fermeture de la Douala Stock Exchange et de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale de Libreville, deux places financières qui n’ont jamais réussi à prendre leur envol. La nouvelle Banque centrale panafricaine fait tourner la planche à billets, mais par un effet boomerang, les pays de la zone franc sont en proie à une inflation galopante, conduisant à l’appauvrissement des populations. Il est impossible de déterminer avec exactitude la valeur du franc CFA face aux autres devises, et il faut désormais une brouette pleine de billets pour acheter une simple baguette de pain, à l’instar de ce qui s’est passé en Allemagne au début des années 1920 ou, plus récemment, au Zimbabwe. Les importations de produits finis sont stoppées, car il faut davantage de francs CFA pour acquérir un ordinateur ou une voiture conçus hors d’Afrique. Les quelques industries locales dont l’activité dépend de produits manufacturés européens s’effondrent. Seule la Côte d’Ivoire parvient à garder la tête hors de l’eau grâce aux exportations qui la rendent plus compétitive. Certains pays ne tirent aucun enseignement de leurs erreurs passées quant à la gestion chaotique de l’argent public, et une bonne partie des sommes issues des réserves détenues au Trésor public français est utilisée à mauvais escient. Les dettes publiques contractées auprès de la France restent libellées en euros, ce qui accroît exponentiellement la valeur de la dette des pays concernés. Par conséquent, l’État, déjà défaillant, n’est plus en mesure de payer les fonctionnaires ni de verser les retraites. Complètement dépassées par les évènements, les autorités de l’Union monétaire font coexister le franc CFA et le yuan, ce qui conforte l’idée selon laquelle le yuan est reconnu sur la scène internationale au même titre que le dollar. Les risques de mouvements sociaux et de guerre civile sont élevés.

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