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De l’ambition à l’action : comment l’Afrique se prépare à jeter les bases de son envol industriel

Dernière mise à jour : il y a 2 jours


L'Afrique, riche en ressources naturelles et dotée d'un potentiel humain considérable, fait face à un défi crucial : transformer cette richesse en moteur de développement industriel. Les pays du continent ont pris conscience de l'importance de l'industrialisation pour stimuler la croissance économique, créer des emplois durables et réduire leur dépendance vis-à-vis des exportations de matières premières. Ainsi, lors d'une récente table ronde intitulée "Comment améliorer la compétitivité ? Infrastructures, zones économiques, ZECLAF, villes nouvelles, Ports secs etc... " — co-organisée par le CIAN (Conseil français des Investisseurs en Afrique) et le quotidien L'Opinion, dans le cadre du Forum Afrique : "L'heure du New Deal" — , les représentants des pouvoirs publics issus de quelques pays d’Afrique, ainsi qu’un acteur du secteur privé, se sont réunis pour discuter des mesures nécessaires afin d’exposer leur volonté politique d'encourager l'industrialisation sur le continent et de concrétiser cette ambition industrielle. Un événement auquel le webzine CEO Afrique a eu le privilège de visionner en distanciel et de décrypter les interventions des panélistes.




2% : Ce chiffre établi par des experts et spécialistes du secteur, correspond à la part relativement modeste de l'Afrique dans l'industrie manufacturière mondiale. Cette réalité met en évidence les challenges auxquels le continent doit faire face dans son aspiration à se positionner comme un acteur majeur de l'industrie sur la planète. Une situation d’autant plus alarmante que l'industrialisation de l'Afrique est entravée par des problèmes fondamentaux, en tête desquels se trouve l'état des infrastructures de transports, ainsi que les pénuries d'électricité et les coupures fréquentes susceptibles limiter la capacité des entreprises à fonctionner de manière efficace et compétitive. « Sans source d’énergie, sans l’existence d’un réseau routier performant, sans la mise en place de parcs industriels bien équipés, il est impossible de mettre en place des activités industrielles efficaces » martèle Anthony Nkinzo Kamole, directeur Général de l’ANAPI-RDC (Agence Nationale pour la Promotion des Investissements de la République Démocratique du Congo). De plus, un autre défi majeur auquel le continent africain est confronté est la faible intégration des chaînes de valeur. Sans oublier le manque d’encadrement industriel, notamment pour des travailleurs souvent peu qualifiés. Conscients de l'urgence et des enjeux cruciaux, les pouvoirs publics des pays africains estiment que la situation actuelle ne peut perdurer. Ils ont donc engagé une série de mesures structurelles ambitieuses visant à transformer le paysage industriel du continent. Ces initiatives reflètent leur volonté de créer un environnement propice à l'essor de l'industrie africaine et de favoriser une croissance économique pérenne.


 

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Déterminée à devenir un continent industriel, l'Afrique a mis résolument en place une stratégie ambitieuse s'appuyant sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Avec un marché de 1,3 milliard de consommateurs et une réduction progressive des barrières commerciales entre les pays participants, cette initiative jouera un rôle crucial pour inciter les entreprises à améliorer leur efficacité, leur productivité et leur capacité d'innovation, stimulera les investissements dans la production industrielle et facilitera l'approvisionnement en matières premières, composants et autres intrants nécessaires à ce processus de production. En réduisant les contraintes liées à l'approvisionnement, cette initiative favorisera également la compétitivité des industries africaines. De plus, la création de synergies entre les pays membres de la ZLECAF renforcera les échanges économiques, ouvrant ainsi la voie au développement de chaînes de valeur régionales et à l'exploitation des avantages comparatifs de chaque pays.




Cependant, de nombreuses questions subsistent, quant à la mise en œuvre effective du projet. Jean Jacques Bouya, ministre de l'Aménagement du territoire des infrastructures et de l'entretien routier du Congo-Brazzaville, souligne l'importance des prérequis nécessaires pour assurer l'efficacité et le succès futur de cette zone de libre-échange : « Pour parvenir à cet objectif, il est impératif de promouvoir l'intégration des différentes zones économiques régionales en favorisant l'intégration physique des territoires. Cela implique de connecter chaque État à ses voisins à travers un réseau d'infrastructures de transport complet, comprenant des ports, des aéroports, des routes, des voies ferrées, des voies navigables, et bien d'autres encore. De plus, il est essentiel de développer des infrastructures énergétiques interconnectées, créant ainsi un véritable "boulevard énergétique". En outre, des investissements dans les infrastructures de télécommunications sont nécessaires pour assurer une connectivité facile et fluide, qui sera un catalyseur essentiel pour stimuler le développement industriel, moteur de la croissance économique ».


Dans cette perspective, des efforts considérables sont déjà entrepris par le Congo-Brazzaville ainsi que des pays voisins, tels que le Cameroun, le Gabon ou l'Angola, pour garantir une connectivité optimale grâce à la mise en place de routes bitumées. Cependant, l'attention est désormais concentrée sur un projet d'envergure majeure : la construction d'un pont route-rail reliant Kinshasa et Brazzaville, enjambant le fleuve Congo. Ce projet suscite un intérêt particulier de tous les acteurs concernés « Le Pont Route-rail Kinshasa-Brazzaville a franchi avec succès toutes les étapes clés, se préparant désormais à entrer dans la phase de construction proprement dite. Après avoir été ratifié par les parlements et promulgué, des appels d'offres ont été lancés, et une liste restreinte de candidats a déjà été sélectionnée. La prochaine étape consiste à consulter cette liste restreinte et à engager des partenariats public-privé avec des constructeurs pour concrétiser la construction tant attendue du Pont Route-rail sur le fleuve Congo. Cette infrastructure essentielle est un élément clé du développement régional » précise Jean Jacques Bouya. Au-delà du Pont Route-rail Kinshasa-Brazzaville, qui revêt une importance stratégique pour les deux Congo, il convient de souligner l'importance globale du corridor routier Pointe-Noire-Brazzaville-Ouesso-Bangui-N'Djamena, également connu sous le nom de "Corridor N°13", offrant un potentiel significatif pour favoriser l'intégration économique régionale et renforcer les échanges commerciaux tant recherchée par les États concernés. « En réalité, le projet ne se limite pas seulement à ce Pont Route-rail, mais englobe l'ensemble du corridor de développement, connu sous le nom de "Corridor N°13", visant à connecter Tripoli à Windhoek, en passant par N'Djamena, Bangui, Brazzaville, Kinshasa, et bien au-delà jusqu'à Cape Town. Des efforts considérables sont déployés actuellement pour achever la partie restante du corridor, concernant les 486 kilomètres entre Ouesso, dans le nord du Congo-Brazzaville, et la frontière avec le Cameroun. Les travaux sont déjà en cours, soutenus par des financements et l'accompagnement de la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque de Développement des États de l'Afrique Centrale. Nous sommes ouverts à d'autres investisseurs pour renforcer davantage ce projet ambitieux » poursuit le ministre congolais.