Le cabinet de conseil "Convergence International" et la structure d’appui Stratexio musclent leurs ambitions à l’étranger et renforcent leur emprunte africaine en créant le club "Cap Vers l’Afrique".
« Notre club met vraiment le focus sur l’Afrique [ ... ]. Il sera capable d’aider une entreprise lambda, en termes de ressources et d’appui, qui souhaite s’implanter par exemple en Côte d’ Ivoire ou au Ghana et, parallèlement, l’assister pour trouver des opportunités d’affaires en Afrique du Nord ». Son co-fondateur, Jean-Pierre Mariaccia — portant également la casquette de président de "Convergence International" — l'a affirmé très nettement à l’occasion d’une webconférence qui s’est tenue le 26 Mai dernier, au cours de laquelle il a annoncé le lancement de "Cap Vers l’Afrique". Ce club constituera une rampe de lancement pour les entreprises qui veulent se développer sur le continent, en s’appuyant sur l’écosystème de "Convergence" et celui de "Stratexio » poursuit-il.
Sur ce deuxième point, Stratexio inscrit assurément sa démarche dans une initiative globale qui rassemble, sous un label commun, des organisations professionnelles de premier plan, parmi lesquelles le Medef, Medef International, CCI International, l’OSCI ou le GFI [ ex-Groupement des Fédérations Industrielles, l'actuelle "France Industrie", NDLR], avec à son actif la réalisation d'un programme exhaustif de formation dispensé à près de 250 PME par 130 experts spécialistes du commerce international.
"Cap Vers l’Afrique" devra donc permettre aux membres de bénéficier des meilleures pratiques managériales, favoriser le partage d’expérience, booster le business de chacun par des échanges de recommandation auprès des prospects et des fournisseurs ou élargir leurs horizons, notamment pour les PME et ETI qui sont en quête de nouvelles opportunités d’investissements. Après tout, c’est la moindre des choses à accomplir pour ce qui est du fonctionnement de base d'un réseau d’affaires, diront certains .... Mais le grand intérêt réside surtout dans la possibilité qui s'offre aux adhérents de mieux appréhender les grands enjeux du développement international, en mettant en évidence des thématiques phares qui seront abordées à partir de Septembre 2021, au cours d'ateliers professionnels, de séminaires ou par l'entremise d'autres associations professionnelles avec lesquelles il existe des passerelles. En effet, les firmes occidentales, qui envisagent une implantation en Afrique, font naître en eux de très fortes attentes, eu égard à l’émergence de classes moyennes de par et d'autre, d’autant plus que les besoins sont gigantesques : une myriade de secteurs porteurs tels que la finance, la grande distribution, le BTP & la construction, la santé, les TIC etc ...
Toutefois, il ne suffit pas de posséder un bon concept pour réussir à l’export. Encore faut-il préparer minutieusement son installation en vue de maîtriser son environnement, où d’autres acteurs et d'institutions multiples qui interagissent avec plus ou moins de difficultés.
« Des professionnels chevronnés et expérimentés interviendront sur les aspects relatifs à la logistique, aux incoterms [ International Commercial Terms, NDLR], aux risques liés au financement des entreprises effectuant leurs transactions avec le continent africain, à l'impact organisationnel, à l’engagement des collaborateurs, aux opérations de communication ou à l’élaboration de contrats de partenariat avec des réseaux de distribution locaux » atteste Stéphanie le Dévéhat-Picqué, déléguée générale de Stratexio.
Parmi les experts qui participeront à l’animation de ce club, Agnès Reminiac, chargée de financements Internationaux chez VINCI Construction Grands Projets, faisant également valoir ses vingt années d’expérience dans l’accompagnement de projets stratégiques émanant de grands groupes industriels, soutient que « le cash est naturellement le nerf de la guerre de tout projet et que les solutions de financement proposées aux chefs d’entreprise seront étudiées au cas par cas ».
De son côté, Éric Duverger, expert en externalisation du développement international & manager de transition, a mis l’accent sur la nécessité absolue « d’utiliser les ressources locales, car cela permet de mettre à profit le talent des équipes qui ont une meilleure connaissance du marché ».
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Pour sa part, Sylvain Boyer, fort de ses trente-cinq années d’expérience en Afrique francophone en qualité d’expert en gestion de sites industriels, a avancé l’idée d'assurer au sein du club une veille géopolitique assez régulière sur les zones jugées à risque, sans pour autant adopter une approche exagérément alarmiste des régions, et identifier les meilleurs "spots" du moment en Afrique pour y développer ses affaires.
Autre cheval de bataille : À l'échelle d'un continent qui comporte cinquante quatre pays, le démarrage du Club "Cap vers l'Afrique" impliquera indéniablement de déployer un effort de structuration sans pareil et une coordination sans faille entre les instances dirigeantes de ce réseau d’affaires, étant donné l’existence de marchés très fragmentés, avec une diversité de consommateurs dans leurs habitudes qui varient sensiblement selon les différentes sous-régions.
« [ ... ] Compte tenu des différences, des spécificités et de l’hétérogénéité du continent africain, du management interculturel, de la logistique et la supply chain, il est à noter que s’implanter au Togo, au Congo ou en Afrique du Sud, n’est pas pas la même chose que de travailler à l’export au Maroc ou en Égypte » rappelle Dominique Brunin, directeur du Développement et des Relations Extérieures à la Chambre de Commerce Franco-Arabe, qui a également eu à jouer un rôle clé dans le lancement de Stratexio en 2017. Partant de ce constat, une segmentation par groupe de pays selon le niveau d’émergence économique ou par groupe de secteurs d’activité s’imposera forcément d’entrée de jeu, à la prochaine rentrée professionnelle.
L'eldorado africain
En dépit de la la pandémie de COVID-19 qui a sévit sur toute la planète, les panélistes se sont accordés à dire que le contexte n’est pas si défavorable, notamment en Afrique.
« La croissance se situera clairement au " Sud " pour les 10 prochaines années ; les taux y seront très importants par rapport à ceux observées en Europe ». Cette assertion, corroborée par Jean-Pierre Mariaccia, fait écho aux prévisions de croissance établies par le Fonds Monétaire International, pour la seule année 2021 : +7,6% pour le Kenya, +7,5 % au Botswana, +6,6 % à l’Île Maurice, +3,4 % en moyenne pour toute l’ Afrique subsaharienne etc....
L'essentiel est de prendre pied sur ce marché de 1,4 milliard de consommateurs et augmenter ainsi les occasions d'investissement dans la ZLECA (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine), entrée en vigueur depuis le 1er Janvier 2021, qui démantèlera de façon progressive les tarifs douaniers entre les 54 pays qui la composent.
Mais les entreprises tricolores sont désormais loin d'être seules sur les rangs, notamment au sein des partenaires commerciaux historiques de l’Hexagone, dont certaines d’entre elles subissent de plus en plus l'assaut de concurrents chinois, indiens ou turques.
« Les parts de marchés détenues par les sociétés françaises ont tendance à diminuer dans ces pays, alors que ces dernières y étaient très présentes historiquement [ ... ] » remarque Stéphanie le Dévéhat-Picqué . D’où le volontarisme affiché par le club "Cap vers l'Afrique" à pouvoir réaliser rapidement des entretiens qualifiés à ses futurs adhérents et les sensibiliser particulièrement sur l’aspect stratégique du développement international, avec l’objectif de leur donner tous les outils pour gagner, accroître ou reconquérir des parts de marché sur le continent, ou bien faire émerger tout simplement de nouveaux exportateurs.
Face au scepticisme des observateurs quant au bien-fondé de l’existence de "Cap vers l'Afrique", au sein d’une galaxie d’acteurs déjà très impliqués dans l’export ou les investissements directs — Business France, Bpifrance, CIAN etc ... — , Stéphanie le Dévéhat-Picqué se confie dans nos colonnes sur "CEO Afrique", répondant sereinement et sans ambages :
« Toutes ces structures sont bien évidemment complémentaires et apportent chacune des services différents dans cet écosystème. Par exemple, Medef International met davantage l’accent sur la mise en contact avec des réseaux relationnels de haut niveau, des missions diplomatiques, des délégations étrangères... Pour notre part, il s’agit surtout d’apporter de la formation, de l'échange et de l’expertise spécifique liée au commerce international [ ... ] » .
Par Harley McKenson-Kenguéléwa
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