Le Botswana cherche à prendre le contrôle de De Beers, un pari stratégique sur le diamant
- Harley McKenson-Kenguéléwa

- 3 nov.
- 28 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 nov.
Le Botswana, petit pays à l’économie historiquement dépendante du diamant, se trouve à un tournant stratégique majeur. Depuis des décennies, la pierre précieuse constitue le pilier de ses exportations et un levier central de ses recettes publiques, principalement via la coentreprise Debswana et sa participation minoritaire dans le géant mondial De Beers. Aujourd’hui, la donne change : confronté à une baisse des prix des diamants bruts, à la montée des pierres synthétiques, et au désengagement annoncé de Anglo American, le gouvernement botswanais envisage de passer à une participation majoritaire, transformant ainsi sa relation avec l’un des plus puissants acteurs mondiaux du secteur. Cette opération soulève une série d’enjeux économiques et géopolitiques, allant de la valorisation fluctuante du marché et des risques financiers liés à un investissement colossal, à la nécessité de maîtriser la gouvernance d’un groupe international, tout en captant davantage de valeur sur la chaîne de production et de transformation locale. Ce dossier explore les ressorts de cette ambition audacieuse, les opportunités qu’elle représente pour la souveraineté économique du Botswana, mais aussi les défis et les risques qui accompagnent ce pari sur le diamant. Il convient de découvrir comment Gaborone pourrait, à travers cette montée en capital, réinventer sa stratégie minière, sécuriser ses recettes, et s’affirmer comme un acteur majeur de l’industrie diamantifère mondiale, tout en naviguant dans un marché en pleine mutation.

Crédit photo : ©CEO Afrique / Harley McKenson-Kenguéléwa
Dans l’architecture géoéconomique du diamant, le Botswana semble décidé à redessiner les lignes de pouvoir. Le gouvernement de Gaborone, déjà partenaire minoritaire de De Beers à hauteur de 15 %, veut désormais franchir un cap historique : prendre le contrôle du géant fondé à la fin du XIXᵉ siècle, encore détenu à 85 % par Anglo American. Cette ambition, à la fois économique et symbolique, intervient dans un contexte de fortes turbulences sur le marché mondial : chute de plus de 30 % des prix du diamant brut en deux ans, contraction de la demande en Chine, et montée fulgurante des diamants de synthèse, moins coûteux et perçus comme plus durables.
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