top of page

La révolution numérique met l’Afrique en ébullition

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Au-delà du fait que la Méditerranée serve de "passerelle" entre trois grandes régions du monde, une autre raison rapproche particulièrement l’Afrique de l’Europe : son effervescence numérique, dont le point d’orgue fut notamment l’organisation d' "Emerging Valley" en Décembre dernier . Le continent africain voit naître depuis quelques années un véritable écosystème de start-up technologiques.

Si plusieurs atouts permettent à cette partie du globe d’être en bonne position sur la scène du digital, l’engagement des institutions et des pouvoirs publics devra toutefois être une condition sine qua non pour que cette révolution numérique batte son plein .




Pauvreté, climat de quasi-conflit ethnique ou religieuse, guerre contre le terrorisme etc… Pour peu que l’on garde en mémoire de quelques pays d’Afrique ces images anxiogènes rapportées par les médias, et malgré le regain d’intérêt des gros fonds d’investissement internationaux pour cette partie du monde, le fait de parler de " start-up africaines " pourrait faire encore sourire un bon nombre d’autres acteurs du capital-risque habitués à miser sur les pépites européennes, asiatiques ou américaines, qui hésiteraient ainsi à prendre un billet pour le continent … Et ils ont bien tort : ‘Yabacon Valley’ dans la banlieue de Lagos au Nigeria, ‘Silicon Savannah’ (Kenya), le projet ‘Kigali Innovation City’ au Rwanda etc… Difficile de ne pas saisir l’allusion ! Car il existe bel et bien une scène Tech africaine en pleine effervescence. C’est en substance le message que l’on a tenté de faire diffuser au Sommet « Emerging Valley », lors du débat inaugural " L’innovation technologique, moteur des transformations africaines : le temps de l’accélération " qui s’est tenu le 4 Décembre à Aix-en-Provence, dans l’amphithéâtre du "TheCamp", au sein duquel l’auditoire espère un jour que les labos et les start-up – où s’invente le monde de demain – ne se limiteront plus à la Silicon Valley, à Shenzhen ou Tokyo.


« Ce que l’on voie depuis trois ans, c’est l’explosion des écosystèmes numériques africains et l’impact que le numérique a sur les populations les plus fragiles, dans le domaine de la santé, l’éducation ou l’énergie a affirmé en préambule Samir Abdelkrim, initiateur du Sommet ‘Emerging Valley’. [ … ] Les écosystèmes se sont démultipliés; nous sommes passés en 10 ans de quelques dizaines d’incubateurs à plus de 600 aujourd’hui ».


Le Kenya, parmi les fers de lance de la Tech africaine, est un cas d’école : M-Pesa a vu grand, très grand. Née en 2007 sur l’initiative de l’opérateur " Kenyan Safaricom ", la jeune pousse a mis en place un système de paiement mobile, permettant à des personnes non bancarisées d’effectuer des transactions et d’accéder à des services financiers sans passer par des établissements bancaires classiques. Aujourd’hui, 22,6 millions de personnes au Kenya utilisent cet outil. Une success story qui ne doit rien au hasard : M-Pesa bénéficie d'un très grand nombre de mobinautes au Kenya , avec un taux de pénétration Internet mobile qui s’élève à l’heure actuelle à près de 24 % selon l’association internationale d’opérateurs et de constructeurs de téléphones cellulaires (GSMA), et 8.3 millions de Kényans qui sont sur les réseaux sociaux.


 

Article connexe : Internet met-il en danger le commerce traditionnel en Afrique

 


Depuis, M-Pesa a fait des émules à travers tout le continent, à l’instar d’Orange Money en Côte d’Ivoire, relayé par la suite par des applications issues de la FinTech, dotées de fonctionnalités beaucoup plus avancées.


Autre figure de proue de la scène Tech kenyane : Erik Hersman qui collectionne entre autres deux sites Internet, " WhiteAfrican " et " AfriGadget ", ainsi que trois entreprises de premier plan à vocation sociale. Apporter Internet via des bornes dans les zones les plus reculées, voila un des domaines dans lequel ce natif de Floride excelle et a pu concrétisé au sein de sa start-up " BRCK " créée en 2014. Ayant fait preuve d’un étonnant sens de l’anticipation, il cofonde, sept ans auparavant, Ushahidi, une application mobile qui a cartographié les violences ayant secoué le pays entre 2007 et 2008 et qui a permis de sauver des centaines de vie. L’espace d'innovation technologique " iHub ", créé en mars 2010 et considéré comme une référence parmi les Tech Hubs en Afrique, est également à inscrire à son actif.


« Les Africains sont en train de concevoir leurs propres produits et services, relève Erik Hersman qui met en exergue leur créativité et leur ingéniosité. C’est très bien, mais il va falloir, dès à présent que chacun de nous puisse se les procurer ».