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Énergie : L’Afrique en quête d’un nouveau modèle axé sur le mix énergétique

Dernière mise à jour : il y a 2 jours


L'énergie est un enjeu crucial pour le développement économique et social de l'Afrique. Dans ce contexte, le mix-énergétique, qui consiste à utiliser différentes sources d'énergie pour répondre aux besoins des pays, est une solution qui suscite un intérêt croissant, même si sa mise en place rencontre parfois quelques obstacles. Dans le cadre du Forum Afrique 2023 co-organisé par le CIAN (Conseil français des Investisseurs en Afrique) et le quotidien "L’Opinion" — lors d’une table ronde intitulé : "Accès à l’électricité V/s transition : Quel mix-énergétique pour l’Afrique ?" — , un panel composé de représentants des pouvoirs publics, gérants de fonds d’investissements et autres experts du secteur a dressé un état des lieux et perspectives d'avenir du mix-énergétique sur le continent africain. Un événement auquel le webzine CEO Afrique a assisté en distanciel.




L'Afrique est en pleine croissance économique, avec une population en constante augmentation et une urbanisation rapide. Cette croissance nécessite une quantité importante d'énergie pour alimenter ses industries, les infrastructures de transport, les bâtiments, le fonctionnement d’Internet — à travers ses réseaux de télécommunications, ses data centers et ses serveurs — et, bien entendu, les ménages. Mais force est de constater que le continent africain souffre d'un important déficit énergétique qui se manifeste par des coupures d'électricité intempestives, des coûts élevés de l'énergie et une incapacité à répondre à la demande croissante d'énergie pour son développement économique et social. Un constat d'autant plus préoccupant que plus de 600 millions de personnes qui n'ont actuellement pas accès à l'électricité, si l’on en croit les données chiffrées de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).


« L'accès à l'électricité est une condition fondamentale pour le développement de l’Afrique. Si nous ne créons pas ces conditions, nous ne serons pas en mesure de débloquer le potentiel économique de nos États et d'impacter positivement tous les indicateurs de développement. Un système électrique bien établi a des impacts positifs sur la santé, l'éducation et le développement économique, entre autres. L’accès à l'électricité, c’est aussi avant tout une question de bien-être personnel [ ... ] » s’alarme le ministre nigérien de l'Énergie et des Énergies Renouvelables, Ibrahim Yacoubou.


Idesbald Chinamula Vuningoma, directeur général de l’ANSER (Agence Nationale de l’Électrification et des Services Énergétiques en milieux rural et périurbain) en République Démocratique du Congo, abonde dans ce sens, rappelant au passage que « Lorsque l'on évoque les zones rurales ou périurbaines en République démocratique du Congo, on ne parle pas seulement des villages, mais aussi de millions d'individus. Environ 70% de la population congolaise, soit environ 70 millions de personnes, vivent dans ces zones, où les taux d'accès à l'électricité sont relativement faibles ».


Pour y remédier, les gouvernements africains doivent se concentrer sur la diversification de leur mix-énergétique pour assurer la sécurité énergétique. Les énergies fossiles, telles que le charbon, le gaz naturel et le pétrole sont les principales sources d'énergie utilisées en Afrique. Cependant, la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre poussent les autorités à se tourner vers des énergies renouvelables telles que l'éolien, la géothermie, l'hydroélectricité ou l'énergie solaire. En effet, au fil des années, la question de l'énergie a pris de plus en plus d'importance dans le débat public, en particulier en ce qui concerne les énergies renouvelables. Les pays prennent progressivement conscience de l'importance de réduire leur dépendance aux énergies fossiles, qui sont non seulement une source de pollution importante, mais aussi limitées dans leur disponibilité.



Dans ce contexte, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique des pays devient désormais un enjeu clé pour l'avenir. Ce qu’atteste le ministre nigérien de l’Énergie et des Énergies Renouvelables, Yacoubou Ibrahim, prenant pour exemple le cas spécifique de son pays : « Dans de nombreux pays africains, la transition vers un mix énergétique renouvelable est devenue une priorité majeure. Au Niger, nous avons fixé un objectif ambitieux de multiplier notre part d'énergies renouvelables par 50 en seulement 14 ans. Actuellement, notre production d'énergie renouvelable représente moins de 1% de notre mix énergétique, mais d’ici 12 ans, nous espérons atteindre au moins 30%. Nous sommes heureux d'annoncer que notre prochain grand principal projet solaire sera réalisé en partenariat avec une IPP européenne [ Independent Power Producer : producteur d'électricité indépendant, NDLR ] qui mettra en place un champ solaire de 150 MW dans les deux prochaines années. D’une manière générale, nous sommes convaincus que l'électricité produite à partir de sources renouvelables telles que l'hydroélectricité, l'énergie éolienne et l'énergie solaire est plus abordable à long terme que les sources d'énergie traditionnelles ».


De même, le Congo-Brazzaville, principalement connu pour être un pays producteur de pétrole et membre de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) a également du gaz naturel dans son sous-sol. Dans sa volonté de s'engager vers une transition énergétique, cet État d’Afrique centrale a décidé de continuer à développer ses hydrocarbures tout en prenant en compte les préoccupations environnementales.


« Les estimations indiquent que le pays possède environ 352 milliards de mètres cubes de gaz naturel, dont 150 milliards sont techniquement récupérables. Dans le contexte de la transition énergétique, le gaz naturel est devenu l'option privilégiée pour le Congo, car c'est l'hydrocarbure le plus propre, avec des émissions de carbone considérablement réduites par rapport aux autres sources d'énergie fossile. Ainsi, le Congo a élaboré une stratégie pour maximiser la valeur de ses ressources en gaz naturel, en investissant massivement dans ce secteur. Sous la supervision du ministère des hydrocarbures, le pays est en train de finaliser son "Gas Master Plan" (GMP), dans lequel sont mentionnés la composition gazière du pays, les ressources en place, ainsi que les projets identifiés pour développer le secteur gazier. Ces projets incluent des initiatives pour développer le marché domestique du gaz, ainsi que des projets d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL). Le premier projet de GNL est prévu pour être lancé d'ici la fin de l'année, ce qui positionnera le Congo sur l'échiquier international du marché du gaz naturel » annonce Bi Dia Ayo Ibata, cheffe de Division Associations & Relations Tutelle à la SNPC (Société Nationale des pétroles du Congo-Brazzaville).


Pour sa part, Idesbald Chinamula Vuningoma affirme que : « Les mini-réseaux sont également une solution rapide et efficace pour connecter des millions de foyers et d'entreprises à une électricité propre, fiable et abordable, en utilisant des sources d'énergie renouvelables telles que l'énergie solaire photovoltaïque, l'hydroélectricité, l'énergie éolienne ou la biomasse. La République Démocratique du Congo est aujourd'hui considérée comme le deuxième plus grand marché mondial pour les mini-réseaux. Selon un récent inventaire, il y aurait plus de 7 000 réseaux solaires dans le pays. La stratégie des mini-réseaux a été adoptée pour permettre un accès au plus grand nombre à l'électricité dans le pays ».