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Bâtir sa stratégie à l’export vers l’Afrique : Quels dispositifs de soutien en France ?

Dernière mise à jour : 30 déc. 2023


Réussir son développement à l’international, en l’occurrence en Afrique, est plus que jamais une nécessité absolue pour les start-up et les PME implantées en France. Ce constat est d'autant plus vrai que le continent africain demeure une terre de croissance, malgré la pandémie de Covid-19, et les aides & soutiens à l’export ne manquent pas dans l’Hexagone.

" Les outils de la confiance pour entreprendre avec l’Afrique " : tel a été le thème du webinaire organisé le 21 Avril dernier par le CAPP (Club Afrique de la presse parisienne), auquel ont participé Jean-Michel Huet (associé chez BearingPoint), Isabelle Bébéar (directrice des affaires Europe & International chez Bpifrance), Igor Chlapak (directeur du "Desk Afrique" chez Business France), Hannah Subayi Kamuanga (Responsable pays pour la République Démocratique du Congo, chez Proparco), Hafi Barry (directeur commercial AZA Finance), Denis Deschamps (délégué général de la CPCCAF — Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones — ) et Benjamin Bonnell (Fondateur & directeur général d’Expand In Africa) ; modéré par Alfred Mignot (directeur d’AfricaPresse.Paris).

Le webzine CEO Afrique, qui a visionné cette e-conférence, donne les pistes pour se repérer dans cet écosystème entrepreneurial français, en vue d’accompagner les porteurs de projet désireux de se lancer en Afrique, sur la base des interventions des panélistes.




Des prévisions de croissance en 2021, estimées à +7,6% pour le Kenya, +7,5 % pour le Botswana, +6,6 % pour l’Île Maurice, +3,4 % en moyenne pour toute l’ Afrique subsaharienne .... Des perspectives encourageantes, si l’on en croit les données du FMI (Fonds Monétaire International). Certes, il ne s’agit d’un d’un retour fracassant de la croissance, eu égard au contexte de crise sanitaire mondiale. Mais ces chiffres sont assez suffisants pour raviver la confiance des entrepreneurs dans leur quête de nouvelles opportunités d’affaires. Mais à l'instar de tout projet entrepreneurial dédié à l’international, le fait de développer son activité dans les pays émergents ou les marchés dits "frontières" d’Afrique, pour s’avérer fructueux, requiert du temps, de la patience, du dévouement et de l’investissement, autant financier que technique et humain.


« L’Afrique est un continent d'opportunités. Mais il s’agit un contexte très différent de ce que nous connaissons. Il y a une fracture numérique, beaucoup de personnes non bancarisées, du clivage urbain & rural, des problèmes logistiques et des difficultés en matière de ressources humaines [ ... ]. Une grand part de la population active évolue dans le secteur informel, prévient Benjamin Bonnell, fondateur de "Expand in Africa", une société de conseils qui accompagne les clients sur l’ensemble des aspects de leur stratégie sur le continent africain. Cela ajoute une complexité aux entrepreneurs. C'est la raison pour laquelle 'il faut des vrais experts, capables d’assurer un accompagnement terrain en Afrique ».


Même son de cloche du côté de Denis Deschamps, délégué général de la CPCCAF (Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones), qui fait part de ses observations :


« Il ne faut pas croire — et cela vaut aussi bien pour les projets en France que pour ceux destinés à l’Afrique — qu'il suffit d'une bonne idée, d'une technologie que l'on pense innovante ou d'un voyage de "type mission export", pour que l’on conclut des deals et que son affaire fonctionne, parce qu'il n’existe peut-être pas de marché pour son produit. La relation avec l'Afrique repose sur le temps long, la continuité et le partenariat [ ... ] » .


De plus, il faut garder à l’esprit qu’il vaut mieux peaufiner les détails de sa préparation et bien évaluer sa stratégie d’implantation, plutôt que de foncer tête baissée dans son aventure entrepreneurial.


« Les "Afriques" sont plurielles. Il y a différents niveaux de maturité et différents niveaux de difficulté, rappelle Igor Chlapak, directeur "Desk Afrique" chez Business France. Tous les marchés ne sont pas adaptés à tout type d'entreprises. Nous essayons de guider nos entrepreneurs qui souhaitent se développer en Afrique vers les marchés les plus appropriés, dotés d’un très fort potentiel. Nous cherchons surtout à démystifier l'Afrique et donner envie aux entreprises de s'y implanter, en leur faisant acquérir une meilleure appréhension des opportunités réelles et des difficultés auxquelles elles peuvent être confrontées ».


Toutefois, si l’instinct de compétition prend le dessus, les résultats pourraient s’avérer payants à long terme.


« L'Afrique est certes un pourcentage assez infime du commerce mondial. Mais elle représente aussi un vaste marché, fort de bientôt 2 milliards et demi d'habitants [ ... ] » commente Denis Deschamps.


 
 

Avant de se lancer, il est vivement recommandé d’étudier minutieusement le tissu entrepreneurial du pays ciblé (filières porteuses, demande évolutive de la clientèle, état de la concurrence, chaînes de valeur, circuits de distribution, réglementation etc ...) afin d'éviter de commettre des erreurs coûteuses dans son choix d’implantation ou sa stratégie d’expansion.


« J'invite toutes les start-up à évaluer le niveau de maturité [ ... ]. Il faut qu’elles se rapprochent d’abord des accélérateurs et des incubateurs, qui sont présentes dans quasiment tous les pays d’Afrique. [ ... ]. Ces structures, soutenues par Proparco, tout comme l’Agence Française de Développement, pourraient apporter non seulement des capitaux, mais également de l'accompagnement pour formaliser les plans d'affaires de ces startups et les aider à générer leur premier chiffre d'affaires » soutient Hannah Subayi Kamuanga, responsable pays pour la RD Congo, chez Proparco.


Les organismes de financement


Aucun entrepreneur ne peut prétendre à l’omniscience. Plusieurs initiatives et dispositifs mis en œuvre en France apportent donc un soutien au développement de projets en Afrique. Parmi les structures les plus actives, figure notamment, Bpifrance, la banque publique d'investissement et et de développement des entreprises.



« Nous faisons du crédit-export, dont le montant peut aller de 1 million jusqu'à 75 millions d'euros. À partir de 25 millions d'euros, Bpifrance s’inscrit dans une démarche de co-financement avec d’autres banques. Nos prêts sont aussi assortis d’un panel de solutions d’assurance proposées par Bpifrance Assurances Export [ ... ]. Dans le cadre du crédit-export, Bpifrance dispose d’ un panel d'outils extrêmement variés, qui va de la prospection jusqu'à la réalisation du contrat » explique sa directrice des affaires Europe & International, Isabelle Bébéar.


Autre piste pour financer son projet de développement en Afrique : Proparco, une filiale de l'Agence Française de Développement.


« Proparco propose une multitude d'outils, allant du financement de grands projets d'infrastructures — ports, aéroports, routes, centrales hydroélectriques, énergies renouvelables — jusqu’au capital-risque [ ... ]. Nous sommes particulièrement intéressés par des dossiers de dirigeants d'entreprises qui soient en mesure de présenter des états financiers fiables et stables ; utiliser de la documentation juridique qui soit compréhensible et maniable par les investisseurs internationaux » affirme Hannah Subayi Kamuanga.

 
 

Une autre option consiste à contacter l’incontournable "Business France", l’agence pour l’internationalisation de l’économie française.


« Business France a renforcé son dispositif, avec huit bureaux en Afrique subsaharienne. Nous couvrons désormais une trentaine de marchés africains » rapporte son directeur "Desk Afrique", Igor Chlapak. À noter que la structure opère également sous la bannière "Team France Export" aux côtés de Bpifrance et les Chambres de Commerce et d’Industrie et les Régions françaises. « La Team France Export est née de la volonté de guichet unique dans les régions françaises, où commence véritablement la bataille de l'export, avec près de 250 conseillers de proximité qui y sont déployés. À travers ce dispositif, les entreprises qui veulent se développer à l'international peuvent bénéficier de "chèques export", dont les montants varient de 2000 et 6000 euros, servant à financer des missions individuelles et collectives ou des participations à des salons . Il existe aussi un chèque relance spécial "VIE " (Volontariat International en Entreprise) qui permet d’alléger la facture, concernant le coût d'un VIE » poursuit Igor Chlapak.


Des aides aux entreprises parfois méconnues


Si certains organismes et institutions sont déjà bien connus (Bpifrance, Business France, Proparco, etc), d’autres, néanmoins indispensables, le sont beaucoup moins. C’est le cas par exemple de la CPCCAF (Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones ), spécialisée dans le compagnonnage consulaire, c'est-à-dire dans le renforcement de capacités entre chambres consulaires, chambres de commerce & d'industrie, chambres de métiers & de l'artisanat, Chambres d'artisanat ou chambres d'agriculture.


« À travers le programme européen Archipelago, visant à développer des compétences locales, nous parvenons à créer une relation entre les territoires distants. À titre d’exemple, nous avons réussi à instaurer une relation entre la Bretagne et le Congo, un pays où se déroule chaque année une convention d'affaires, notamment à Pointe Noire, mettant en relation des entreprises bretonnes et des sociétés congolaises, en vue de conclure des affaires et de bâtir des partenariats commerciaux [ ... ]. Nous sommes de grands militants de l'internationalisation croisée » ajoute Denis Deschamps.


 
 

Idem pour les soutiens financiers, à l’échelle de l’Union européenne, qui demeurent encore peu connus des porteurs de projet, ou du moins peu sollicités.


« [ ... ] Lorsque l’on scrute le paysage du financement en France, on se rend bien compte que ce n’est pas aussi avancé que celui observé en Europe, voire dans le monde. Très clairement, l’Allemagne dispose plus de moyens financiers alloués à l’Afrique que la France, déclare sans ambages Jean-Michel Huet, associé chez BearingPoint. Il y a de grandes institutions financières, à l’instar de la banque allemande KFW [ Kreditanstalt für Wiederaufbau, NDLR ] ou la Banque Mondiale qui financent beaucoup de projets axés sur la blockchain ».


Il existe également EuroQuity, une plateforme de mise en relation entre investisseurs, sociétés innovantes et structures d'appui aux entreprises, créée en 2008 par Bpifrance.


« La plateforme comptabilise déjà près de 20000 entreprises et investisseurs adhérents et est désormais très active, aussi bien en Europe qu’en Afrique . Elle donne aux membres qui s'y sont inscrits une visibilité accrue » se réjouit Isabelle Bébéar.


Le prestataire Aza Finance, quant à lui, se singularise par son offre innovante en matière d’accompagnement dans les transactions transfrontaliers.


« Nous contribuons à redonner la confiance à l'écosystème en agissant en bonne intelligence avec les régulateurs. Nous proposons notamment aux sociétés de transfert d'argent d'automatiser les paiements en devises étrangères. [ ... ]. Notre avantage compétitif, c’est la rapidité et la sécurisation. Sur cet aspect de la sécurisation dans les transactions financières, nous sommes soumis à un nombre incalculable de réglementation et de protocoles de sécurité . C’est ce standard de sécurité que nous voulons apporter à la FinTech en Afrique. AZA Finance a obtenu deux licences, émanant de l’Autorité de régulation de la Banque d' Angleterre et celle de la Banque d'Espagne. Grâce à ces deux licences, nous pouvons garantir que les transferts d'argent s’effectuent de façon traçable, efficace et moins cher » expose son directeur commercial, Hafi Barry.


Enfin, d'autres aides à l'export sont accessibles comme le "Pass Africa", le dernier-né des dispositifs, qui s'adresse aux entreprises à fort potentiel de croissance voire dotées d’un potentiel d’hypercroissance domiciliées en France, qui veulent accélérer et amplifier l'atteinte de leurs objectifs sur le continent africain. Il s’agit surtout d’un label qui confère aux bénéficiaires une légitimité très forte auprès des partenaires internationaux et des avantages sélectifs.



« Nous nous sommes grandement inspirés du "Pass French Tech". C’est en fait un accès VIP aux différents outils de financement et d'accompagnement » précise Isabelle Bébéar.


Benjamin Bonnell vient compléter ses propos, mentionnant au passage « qu’une première cohorte de 20 entrepreneurs a été sélectionnée dans le cadre de cette initiative "Pass Africa" et qu’une deuxième cohorte est en cours de formation ».



 

Par Harley McKenson-Kenguéléwa


 



 

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