De l’art plastique à la représentation de la culture vaudoun, en passant par des œuvres d’artistes engagés : les arts contemporains du Bénin et de Cuba ont été mis à l’honneur par la Galerie Vallois durant l’exposition parisienne AKAA qui s’est tenue du Jeudi 8 Novembre 2018 au Dimanche 11 Novembre 2018 inclus.
Pour la troisième édition de la foire AKAA [ Also Known As Africa, NDLR ], son organisatrice, la Franco-Américaine Victoria Mann issue d’une famille de collectionneurs, a fait venir 49 exposants et 140 artistes, avec un bilan de 15000 visiteurs en quatre jours. Cet événement n’a pas oublié les amateurs d'oeuvres d’art béninois et cubains.
Au sein des 2 300 m2 des Halles du Carreau du Temple, les expositions mises en lumière par la Galerie Vallois montrent à quel point le Bénin se veut être le reflet d'une Afrique incroyablement créative, sans oublier Cuba, un pays peuplé en partie d’Afrodescendants qui recèle de richesses esthétiques, pour certaines encore méconnus.
Lors de cette foire, les visiteurs ont pu découvrir le " Légba" , conçu par Edwige Aplogan, une statue représentant une divinité protectrice qui chasse les mauvaises les esprits se trouvant à l’intérieur d’une maison ou d’une concession. Doté d'un phallus aux couleurs expressives, ce Dieu de la mythologie béninoise rend ou renforce la
Le " Légba" , d' Edwige Aplogan. Crédits : ©Galerie Vallois.
virilité des hommes, dont la perte de puissance sexuelle aurait terni, voire fait honte à leur image masculine. Cette réalité culturelle est très présente chez les peuples Yorouba, Fon, Mina et Adja.
Nombreux sont ceux qui ont longuement porté leur regard sur une œuvre de Prince Toffa, baptisée " autoportrait ", une toile faite à partir de tissus, de morceaux de canettes et de boîtes de conserve vides. Cet ancien styliste devenu un artiste plasticien incontournable dans son pays natal nous montre que sa démarche artistique peut être parfaitement corrélée à ses aspirations et ses préoccupations
" Autoportrait ", de Prince Toffa. ©Galerie Vallois
environnementales et dénonce vivement par la même occasion le modèle de consommation à " l ‘occidental " transposé dans les pays d’Afrique par les grandes firmes multinationales .
La figure tissée en fil de fer de Rémy Samuz, qui traîne des boulets de forçat nous renvoie non seulement à la mémoire de l’esclavage, mais évoque aussi des sujets d’actualité tels que la prostitution tenue par les réseaux d'exploitation ou des enfants soldats souvent enrôlés de force dans des groupes armés.
Crédits : ©Galerie Vallois
La foire AKAA a constitué l’occasion idéale pour la Galerie Vallois d’exposer également des créations artistiques de Cuba — un pays où l’ancestralité béninoise est revendiquée fièrement par une partie des Afrodescendants — et a donné la sensation aux touristes d’être littéralement transportés de l’autre côté de l’Atlantique.
" Otra Mentira " de l’artiste K 'Chode, de son vrai nom Alexis Leyva Machado, aborde la question sensible de l’exil. Dans leur grande majorité, les migrants économiques cubains rêvent de s'installer aux Etats- Unis. Les pagaies disposées horizontalement sur le visage de l’homme représentant un émigré sont à interpréter comme le fait que s’adapter à la vie
au pays de l’Oncle Sam peut s’avérer plus difficile qu'il n'y paraît et que " le rêve américain " tant vanté est un pur mensonge.
" Otra Mentira " de K ' Chode. Crédits : ©Galerie Vallois
Passionnés et néophytes qui ont pris le temps de s'arrêter au stand de la Galerie Vallois ont été étonnés de voir une toile de peinture aquarelle qui semblait être posée, au premier abord, à l’envers. Mais cette création originale est bien conforme à la représentation picturale souhaitée par Jorge Luis Miranda Carracedo !
" Change of Channel 2016 " de Jorge Luis Miranda Carracedo.
Crédits : ©Galerie Vallois
Aux yeux de cet artiste cubain, la présence de trois cosmonautes sur " Change of Channel 2016 " est le symbole même de l' avancée technologique de l’Homme. Mais il souhaite surtout dénoncer l’étalage vertigineux de luxe et la touche de glamour en terre castriste lors du défilé Chanel le 3 mai 2016 sur le Paseo del Prado à La Havane, un contraste saisissant avec la dure vie quotidienne des habitants, marquée par des privations de toutes sortes, qui n'a quasiment pas changé. Le fait de représenter sur cette toile ces trois astronautes à l'envers qui défilent à la manière de mannequins expérimentés est une façon pour Jorge Luis Miranda Carracedo d’exprimer sa désapprobation sous un angle artistique au sujet de cet évènement relativement " pharaonique ", organisé il y a quelques années par la maison de haute couture Chanel, et illustre donc les contradictions de notre époque.
Difficile de ne pas tomber sous le charme de ces merveilles, toutes aussi exceptionnelles que captivantes. Si vous souhaitez prolonger ce voyage artistique et prendre véritablement le pouls de l’art contemporain de Cuba et du Bénin, la Galerie Vallois vous accueille cette fois-ci dans ses locaux pour vous faire découvrir d'autres créations.
INFOS PRATIQUES :
Galerie Vallois 35 Galerie Vallois 41
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Site Internet : www.vallois.com Site Internet : www.vallois.com
Par Harley McKenson-Kenguéléwa
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