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Commerce : la Russie de Poutine peut-elle réussir en Afrique ?

Dernière mise à jour : 13 juil.

Le président Poutine compte avancer ses pions économiques en Afrique. Mais face aux grands partenaires commerciaux du continent, la Russie peine à s’imposer.

(Source : Forbes Afrique)
Commerce : la Russie de Poutine peut-elle réussir en Afrique ?

Il est loin le temps où la Fédération de Russie se désengageait d’Afrique, dans le sillage del'effondrement du bloc soviétique en 1991. Depuis le début des années 2000 et l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, le géant eurasiatique a adopté une politique extérieure expansionniste, dont l’un des volets vise précisément à renforcer sa présence économique sur le continent.

Une intention qui a rapidement été suivie d’actes concrets. Aujourd’hui, la plupart des fleurons de l’économie russe sont présents en Afrique. En Algérie,le géant gazier Gazprom est un partenaire stratégique de la Sonatrach. Severstal, une firme spécialisée dans la sidérurgie, est pour sa part active au Libéria et au Mali. Au Nigéria, le producteur d'aluminium Rusal a officialisé une prise de participation majoritaire dans le capital du raffineur Aluminium Smelter Company. Mais c’est en Afrique australe que les liens commerciaux sont les plus marqués. Emblématique des ambitions russes dans la sous-région, la multinationale Alrosa extrait par exemple du diamant en Angola et investit dans plusieurs projets gaziers. Son compatriote Norilsk Nickel, producteur de nickel, contrôle en partie le capital du sud-africain Gold Fields tandis que Renova exploite des mines de manganèse ; toujours dans la nation " arc-en-ciel ".

Membre du groupe des B.R.I.C.S (Brazil, Russia, India, China, South Africa), la Russie considère l’Afrique du Sud comme un point d'entrée vers le reste du continent et les relations commerciales entre les deux pays sont particulièrement solides et profondes, notamment dans le domaine de la défense, via Osoboronexport, l'agence russe chargée des exportations du complexe militaro-industriel.

Prenant acte de l’importance de ces échanges, les autorités sud-africaines envisagent ainsi d’assouplir les conditions d’obtention de visas pour les ressortissants russes. Les modalités d'octroi n’ont pas encore été dévoilées officiellement, mais d’après une source diplomatique, les touristes russes seraient autorisés à entrer en Afrique du Sud sans visa pour une durée allant jusqu’à 90 jours. De quoi renforcer un peu plus l’attractivité de la deuxième puissance économique africaine. Selon le ministère sud-africain des Relations Internationales et de la Coopération, 15.000 russes ont visité l'Afrique du Sud en 2015, soit une hausse de 44 % par rapport aux chiffres de l’année 2014.

Un retard difficilement rattrapable et une diplomatie économique relativement faible

Reste que sur le terrain économique, le pays des Tsars est largement éclipsé par la France, le Royaume-Uni, l’Inde, les États-Unis et la Chine. En 2013, les échanges commerciaux russo-africains avoisinaient ainsi les 5 milliards de dollars, un chiffre bien en deçà du volume réalisé avec les Etats-Unis (63 milliards de dollars), mais surtout avec la Chine (200 milliards de dollars/an).

Une faiblesse relative que nombre d’experts attribuent à l’insuffisance d’organismes d’envergure internationale, comparables au CAD Fund chinois (China-Africa Development Fund), et capables de soutenir dans la durée des projets russes en Afrique. Résultat, en l’absence d’appui décisif, certaines entreprises doivent abandonner l’aventure africaine. Le pétrolier Lukoil, présent en Côte d’Ivoire depuis 2006, a dû ainsi plier bagage une décennie plus tard pour cause de mauvais résultats. Antonina Bondareva, Directrice du Russian-African Forum (RAF), créé en 2015 à Moscou, estime pour sa part que les autorités actuelles accordent beaucoup plus d’attention aux opportunités d’investissement en Afrique par rapport aux pouvoirs précédents. Elles prennent néanmoins le temps d’examiner chaque cas individuellement, en tenant compte de critères tels que les potentialités de développement économique, la stabilité politique et les garanties apportées par les gouvernements.

« Il est évident qu’un pays comme la Centrafrique ne fait pas partie de la liste prioritaire des autorités en place », reconnaît de ce fait sans ambages la dirigeante.

A l’inverse, Nataliya Zaiser, présidente du Africa Business Initiative (ABI) défend une toute autre position, chez nos confères du site d’information RBTH (Russia Beyond The Headlines) :

« La Russie a mis sur pied un certain nombre d’organisations qui encouragent une coopération plus étroite avec chacun des pays d'Afrique. Concernant l’Africa Business Initiative, il s’agit d’une organisation indépendante qui conjugue la défense des intérêts nationaux, avec des missions diplomatiques et la prise en compte de points de vue d’universitaires » .

Pas sûr cependant que cela suffise pour faire jeu égal avec les grands partenaires commerciaux du continent. Poutine a beau être considéré comme " l’homme le plus puissant du monde " par le magazine Forbes US, il lui faudra assurément plus qu’une distinction flatteuse pour s’imposer économiquement en Afrique.

 

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