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Photo du rédacteurHarley McKenson-Kenguéléwa

L'image de la France dégradée au yeux des leaders d’opinion en Afrique

Dernière mise à jour : 13 juil.


L’image de la France dans un bon nombre de pays d’Afrique francophone est moyennement satisfaisante par rapport à une enquête rendu public en Février 2019, selon un sondage réalisé pour le compte du Conseil des investisseurs français en Afrique (CIAN).

Crédits : ©immar - ©cian

Dévoilés au public le 8 février 2019 lors du Forum Afrique co-organisé par le MOCI (Moniteur du Commerce International) et le Conseil des investisseurs français en Afrique (CIAN) , les résultats du premier Baromètre CIAN des leaders d’opinion en Afrique " AFRICALEADS " révèlent que l’image de la France en Afrique est passablement écornée. Le terrain de l’enquête, confié à l’institut IMMAR, s’est déroulé entre Juin et Septembre 2018, auprès d‘un échantillon de 1244 leaders d’opinion issus de trois pays du Maghreb ( Tunisie, Algérie, Maroc) trois nations ouest-africaines ( Burkina Faso, Sénégal, Côte d’Ivoire) et deux États d’Afrique centrale ( Cameroun, République Démocratique du Congo).

Pour l'ensemble des personnes interrogées sur l'opinion qu'elles se font des pays à l'échelle internationale , l’Allemagne caracole en tête de ce sondage, avec une appréciation globalement positive (45%). Dans ce peloton de tête, figurent également la Chine ( 37 %), les Etats-unis et le Japon ex aequo (34 %). La France, pourtant partenaire traditionnel de la zone francophone dans cette partie du monde, n'apparaît qu'en cinquième position ( 21%).

Crédits : ©immar - ©cian

Concernant l’impact bénéfique des pays étrangers en Afrique, une majorité des leaders d’opinion interrogés ont placé la Chine et le Japon premiers ex-aequo (81%). L’Allemagne entretient son image de partenaire fiable ( 70 %), suivie de la Turquie (62°), un pays émergent qui a intensifié des liens avec le continent et des États-Unis (60%) . La France n’arrive qu’en septième position (53 %) derrière l’Inde (57%)

Paradoxalement, cette enquête montre que les sondés éprouvent des sentiments ambivalents : Dans le top 10 des entreprises étrangères ou africaines les plus appréciées en Afrique, 4 sont .... françaises ! L'opérateur Internet & Telecom Orange, le groupe pétrolier Total, le constructeur automobile Renault et la société de BTP Sogea-Satom figurent parmi les firmes et marques les plus aimées auprès des leaders d’opinion africains.

Crédits : ©immar - ©cian

Ce baromètre n'a pas manqué de faire réagir quelques panellistes du Forum Afrique 2018 qui s’est tenu au sein de la Chambre de Commerce et d'industrie de Paris.

« [ ... ] Il ne faudrait cantonner ce classement à une perception [ ... ] » tempère Fatoumata Ba, fondatrice & CEO de Janngo.

Thibault Flichy, vice-président Marketing & Digital Afrique du groupe français

" Total ", abonde dans ce sens, estimant que « ce sondage ne reflète pas la réelle présence de la France, de son écosystème digital à la fois privé et public en

Afrique ».


Le Franc CFA, l'une des causes majeures du déficit d'image de la France en Afrique ?

La perception du Franc CFA comme le symbole de la domination coloniale d’autan et d'une prédominance monétaire de l’Hexagone aux yeux des opinions publiques africaines a décliné dans la zone franc, où est utilisée cette monnaie autrefois liée au franc français, désormais arrimée à l'euro avec une parité fixe garanti par le Trésor français.

 
 

Cette tendance est perceptible dans tous les pays francophones de l’UEMOA

( Union Economique et Monétaire Ouest Africaine ) et de la CEMAC ( Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale ), où de plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer l'instauration d'une nouvelle monnaie panafricaine, au point que des candidats aux élections présidentielles de quelques pays se sont emparés de ce sujet sensible pour en faire le thème principal de leur campagne.

D’autant plus que le vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio n' a pas hésité à enfoncer le clou en faisant du Franc CFA un " fléau " à l’origine des problèmes existants dans ces pays.


La diversification des partenaires commerciaux de l'Afrique ne doit toutefois pas occulter la réalité de la mondialisation.

« [ ... ] On voit très clairement une accélération de la perte d’influence de la France en Afrique [ ... ] » constate Éric Sabatier, senior vice-président du Bureau Veritas.

La Chine peut s’enorgueillir d’être le pays au monde à faire réapparaître l’Afrique dans les radars des investisseurs internationaux, en s’engageant massivement dans le financement des grands projets d’infrastructures, notamment dans le secteur des transports ( réseau ferroviaire, autoroutes, ports) - tout en privilégiant ses propres entreprises de construction, dans un contexte où l’Afrique était globalement perçue comme une région du monde non "business-friendly", dont l’image a toujours été associée à la misérabilité de ses pays, aux épidémies et aux conflits permanents.


 
 

Pour ce qui est de l’Allemagne — en dehors de l’image positive qu’elle renvoie quant aux performances de ses industries de pointe et sa " rigueur " germanique, avérée ou supposée, — , son intérêt croissant vis-à-vis du continent et la mise en place du programme " Compact with Africa " ont sans doute pesé sur le choix des sondés.

L’Afrique du Sud, en tête du classement des pays africains dotés de la meilleure image

Au total, 49% des leaders d’opinions francophones jugent que l’Afrique du Sud est le pays le plus attractif du continent. D’après les observateurs, la nation arc-en-ciel bénéficie de son statut d’économie dominante en Afrique, forte d’un écosystème entrepreneurial et technologique performant et d' infrastructures de qualité, plébiscités par la communauté d'affaires.

Toujours dans ce chapitre des champions africains, les personnes interrogées ont cité le Maroc (36% des réponses), le Ghana (28%) et Rwanda (27%) des pays salués régulièrement pour leur environnement des affaires. Ce dernier représente souvent le premier choix des investisseurs internationaux en matière d’implantation de centres de décision à l échelon sous-régional, comme en témoigne le géant

d’e-commerce Alibaba qui a fait du « pays des mille collines » le premier État africain qui bénéficie de sa plateforme de commerce électronique, " Electronic World Trade Platform " (eWTP).

Par Harley McKenson-Kenguéléwa

 

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