Métro d’Abidjan : l’ambition d’une métropole en mouvement
- Harley McKenson-Kenguéléwa
- il y a 7 minutes
- 32 min de lecture
Au cœur d’une capitale en expansion rapide, le métro d’Abidjan cristallise l’ambition d’une métropole déterminée à se hisser parmi les grandes villes africaines capables d’offrir une mobilité moderne, inclusive et durable. Chantier emblématique confié à un consortium d’acteurs internationaux — banques européennes, industriels ferroviaires et opérateurs de transport — ce projet colossal de plus d’un milliard d’euros avance au rythme d’un montage financier sophistiqué, d’enjeux sociaux sensibles et de défis techniques rarement visibles dans la communication officielle. Derrière la promesse d’un réseau structurant, censé fluidifier les déplacements de centaines de milliers d’usagers quotidiens, affleurent des interrogations décisives : le calendrier sera-t-il tenu dans un contexte de retards possibles, de litiges fonciers et d’exigences environnementales renforcées ? Les garanties financières et les mécanismes de décaissement suffiront-ils à absorber la complexité d’un chantier soumis à la pression des coûts, des sous-traitants et des bailleurs ? Les engagements sociaux — notamment en matière de relogement et de compensations — seront-ils respectés pour éviter une fracture urbaine profonde ? Et, au-delà de la construction, la métropole est-elle réellement prête à assurer l’exploitation d’un système ferroviaire sophistiqué, exigeant des tests de sécurité, une signalisation de haute technologie et une maintenance de long terme dans un milieu lagunaire contraignant ? Autant de questions cruciales que ce dossier explore, afin de comprendre comment un projet présenté comme un moteur de transformation peut, en réalité, devenir un révélateur puissant des forces, des arbitrages et des vulnérabilités d’une ville en pleine mutation.

Crédit photo : ©CEO Afrique / Harley McKenson-Kenguéléwa
« Vous prenez le TER de Dakar, les tramways de Casablanca ou le métro d’Alger… On n’est pas dans la même gamme de projet ; on n’est pas dans la même dimension ; on n’a aucun équivalent en Afrique subsaharienne (…) Ce n’est pas le métro en lui-même qui constitue un grand projet, mais le vecteur de développement qu’il représente ; on va révolutionner les déplacements à Abidjan ! ». Cette déclaration aux accents visionnaires, prononcée par Alain Descamps, président de la STAR — le consortium chargé de construire et d’exploiter le métro — lors de la 2ème édition du Forum Côte d'Ivoire organisée par Business France, résonne avec encore plus de force aujourd’hui, en décembre 2025 : la conviction de transformer Abidjan par le rail demeure intacte, tandis que les travaux avancent et que la ville, 6 millions d’habitants au sein de l’agglomération métropolitaine, se prépare à absorber un afflux démographique et des flux urbains toujours plus intenses.
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