Investir dans les médias, un impératif économique et démocratique
- Harley McKenson-Kenguéléwa

- 21 sept.
- 33 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 oct.
Un groupe d’économistes de renom réunis sous l’égide du Forum sur l’information et la démocratie — fondé par Reporters sans frontières et plusieurs institutions de référence dans les domaines des droits numériques et de la liberté de la presse — a lancé un avertissement sans détour : sans un investissement massif et structuré dans les médias d’intérêt public, les démocraties comme les économies risquent un affaiblissement durable. Leur déclaration commune effectuée le 22 Septembre dernier, intitulée "L’impératif économique d’investir dans les médias d’intérêt public", met en lumière une évidence trop souvent négligée : une information libre, indépendante et pluraliste n’est pas seulement le socle de la vie démocratique ; elle constitue aussi un actif économique stratégique. Les médias, en réduisant les asymétries d’information, en favorisant la transparence, en stimulant la productivité et en renforçant la confiance des marchés, génèrent des bénéfices tangibles pour les sociétés et les entreprises. Mais à l’heure où la désinformation prospère, où l’intelligence artificielle bouleverse l’écosystème et où les géants numériques captent l’essentiel des revenus publicitaires, ce modèle vacille. Comment financer un journalisme de qualité sans compromettre son indépendance ? Quels mécanismes nationaux et internationaux mettre en place pour en garantir la pérennité ? Et surtout, quelles seraient les conséquences économiques et sociales d’un effondrement du journalisme d’intérêt public ? Il convient explorer ces enjeux cruciaux, au croisement de l’économie et de la démocratie, et examine les solutions proposées pour bâtir un nouvel écosystème médiatique, capable de résister aux pressions du marché tout en répondant aux attentes citoyennes.

Crédit photo : ©CEO Afrique / Harley McKenson-Kenguéléwa
Et si la survie de nos économies dépendait autant des salles de rédaction que des salles de marché ? Face à la montée des incertitudes économiques, à la multiplication des crises politiques et à la pression grandissante des plateformes numériques, une dizaine de figures majeures de la recherche économique mondiale — parmi lesquelles les prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz (professeur à l’Université Columbia) et Daron Acemoglu (professeur au MIT), aux côtés de Philippe Aghion (professeur au Collège de France et à la London School of Economics), Tim Besley (professeur d’économie et de science politique à la London School of Economics), Francesca Bria (spécialiste de l’innovation, présidente de l’agence italienne ART-ER et conseillère auprès de la Commission européenne), Diane Coyle (professeure de politique publique à l’Université de Cambridge), Obiageli Ezekwesili (présidente de Human Capital Africa et fondatrice d’une école de politique et gouvernance), Mariana Mazzucato (professeure à l’University College London et directrice de l’Institut pour l’innovation et la finalité publique), Atif Mian (professeur d’économie et de finances à l’Université de Princeton), Andrea Prat (professeur d’économie et de gestion à l’Université Columbia) ou encore Vera Songwe (présidente de la Liquidity and Sustainability Facility et chercheuse associée à la Brookings Institution) — ont lancé le 22 septembre dernier un avertissement sans détour : l’effondrement du journalisme d’intérêt public menace directement la croissance, la compétitivité et la stabilité démocratique. «L'accès à des informations fiables est la ressource fondamentale qui alimente l'économie du 21ème siècle, comme les époques précédentes qui dépendaient de la vapeur ou du charbon pour leur développement industriel », affirment-ils d’une seule voix, dans une déclaration commune intitulée "L’impératif économique d’investir dans les médias d’intérêt public", publiée sur le Forum de l'Information et de la Démocratie.
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