Face à la problématique du financement, les fondateurs de start-up sont tiraillés entre la nécessité d’ouvrir le capital de leur structure à des business angels et la peur de se voir complètement dépossédés leur pouvoir de décision, d’où le besoin de recourir à des mécanismes juridiques afin de pérenniser un mode de gouvernance qu’ils avaient préalablement fixé. Toutefois, le fait de siéger aux côtés d’investisseurs aguerris présente des avantages certains en matière de missions d'accompagnement, d'encadrement et de stratégie de croissance.

L’éviction brutale du feu Steve Jobs de sa propre société en 1985 est le type de fait saillant qui reste gravé à jamais dans la mémoire de toute personne désireuse de se lancer dans une aventure entrepreneuriale : le cofondateur & CEO de la célèbre marque ‘Apple’ s’était fait limogé de sa propre entreprise par le conseil d’administration pour insuffisance professionnelle et de résultats. Dans un autre contexte plus récent, le film ‘The Social Network’ met en lumière la manière dont Mark Zuckerberg et d’autres associés ont procédé pour faire diluer les parts d’un actionnaire historique de Facebook, Eduardo Luiz Saverin, faisant passer les parts de participation de ce dernier de 30 % à 0,03, de telle sorte qu’il ne soit plus en mesure d’exercer le moindre pouvoir de décision et surtout d’être poussé vers la sortie. Ces deux exemples sont de véritables cas d’écoles et soulèvent des questionnements, voire des craintes chez les aspirants entrepreneurs en quête de financement : comment conserver son pouvoir de décision et de gestion lors de l’entrée d’investisseurs dans le capital d’une jeune pousse à fort potentiel. Dans le même temps, l'actualité économique africaine met en lumière les défis auxquels les entrepreneurs du continent sont confrontés, notamment en ce qui concerne la dilution de leurs parts de capital lors de l'entrée d'investisseurs étrangers.
D’une manière générale, les banques domiciliées en Afrique hésitent à prêter aux entreprises qu’elles jugent trop vulnérables : portefeuille-clients peu étoffé, difficultés de remboursement des emprunts, business plan mal peaufiné etc... De ce fait, la plupart des porteurs de projet se tournent vers les business angels et les fonds d’investissement comme solution alternative, beaucoup plus flexibles et enclines à financer des start-up dont le risque est difficile à évaluer.

Toutefois, cette nécessité de trouver de l'argent rapidement entraîne systématiquement une grande confusion dans l’esprit des entrepreneurs en ce qui concerne, d’une part, l’emprunt bancaire qui constitue une dette financière et, d’autre part, l’ouverture de capital d’une société à des investisseurs qui confère le droit de posséder une partie de l’entreprise.
« les porteurs de projet n’ont pas pour vocation de maîtriser tous les mécanismes de financement de projets entrepreneuriaux, d’où l’importance de solliciter les conseils d’experts »
Jennifer Juvénal, avocat chez Lazareff Le Bars
tempère Jennifer Juvénal, spécialisée dans la structuration et financement de projets au sein du cabinet d’avocats Lazareff Le Bars qui assiste les sociétés et start-up dans 44 pays du continent africain, dont la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal ou la République Démocratique du Congo.
« Lorsqu’un client me fait part de son intention d’ouvrir son capital à de nouveaux investisseurs , je lui conseille dans un premier temps de protéger son projet d’entreprise en signant avec ses interlocuteurs un accord de confidentialité avant d’entamer des discussions sur leur éventuelle entrée au capital. Ensuite, je m’assure que le client ait bien identifié et chiffré son besoin de financement et s’il envisage de recourir à un emprunt bancaire ou plutôt à des investisseurs privés afin de lever tout quiproquo » poursuit-elle.
Au tout premier contact avec ses clients, Fortuné Ahoulouma, avocat associé chez LABS-NS AVOCATS’, un cabinet qui intervient également pour le compte de PME, de start-up et de grands groupes en Afrique, demande sans ambages « s’ils souhaitent conserver ou non le pouvoir de décision de leur structure face à l'entrée des investisseurs », une question sans détour qui a le mérite se faire immédiatement une idée précise du mode de gouvernance souhaité par les fondateurs et des négociations futures portant sur l’élaboration du pacte d’actionnaires.
Un arsenal juridique favorable aux actionnaires minoritaires qui s’est inspiré du droit français