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Infrastructures & Logistique — CEO Afrique
Découvrez l'évolution des infrastructures et de la logistique en Afrique. Explorez les défis et opportunités des réseaux routiers, ferroviaires, aériens et maritimes du continent. CEO Afrique analyse les chaînes d'approvisionnement, les innovations technologiques et les projets clés. Apprenez-en plus sur l'impact des investissements étrangers et des partenariats public-privé, ainsi que sur l'intégration régionale par l'Union Africaine. Pour rester informé, retrouvez ci-dessous tous les articles, dossiers & analyses sur la thématique des Infrastructures & Logistique en Afrique et à l'international.
Sur le continent africain, les infrastructures et la logistique s’imposent aujourd’hui comme les piliers fondamentaux d’un développement économique durable et inclusif. Elles conditionnent la compétitivité des économies locales, la fluidité des échanges commerciaux, l’intégration régionale et la modernisation des territoires. À travers une dynamique de transformation sans précédent, ces secteurs se retrouvent au cœur des politiques publiques, des stratégies de développement des États, ainsi que des investissements des partenaires techniques et financiers. Pourtant, les défis restent immenses, tant les retards accumulés pèsent encore lourdement sur les ambitions de croissance.
Dans un contexte de mondialisation et d’émergence progressive des économies africaines, la qualité des infrastructures constitue un levier déterminant pour améliorer la productivité, attirer les investissements étrangers et stimuler la diversification économique. Qu’il s’agisse de routes, de chemins de fer, de ports, d’aéroports, de réseaux énergétiques ou de télécommunications, la modernisation des équipements structurants est une condition sine qua non pour désenclaver les territoires, favoriser la connectivité entre les zones rurales et urbaines, et renforcer l’interopérabilité des systèmes régionaux. Les corridors logistiques régionaux, en particulier, jouent un rôle stratégique dans la réduction des coûts de transport et dans l’accélération des échanges intra-africains.
À cet égard, la logistique, en tant que science de l’organisation des flux, revêt une importance capitale. Elle dépasse la simple gestion des chaînes d’approvisionnement pour englober des enjeux complexes liés au stockage, à la distribution, à la traçabilité, à la digitalisation des procédures douanières et à la gestion durable des ressources. L’optimisation logistique devient alors un catalyseur de croissance, un outil de compétitivité, mais également un levier d’intégration régionale, dans le sillage de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). L’efficience logistique, combinée à des infrastructures de qualité, conditionne directement l’émergence d’un marché africain unifié et résilient.
Dans cette dynamique, plusieurs initiatives continentales et sous-régionales témoignent d’une prise de conscience accrue. Le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA), lancé par l’Union africaine, vise à structurer les projets à fort impact économique et social, en mettant l’accent sur la connectivité transfrontalière, l’intégration énergétique et le développement du transport multimodal. Ce programme, articulé autour d’une vision prospective, ambitionne de surmonter les goulets d’étranglement logistiques, de réduire les écarts d’accessibilité entre les régions, et d’asseoir une croissance inclusive.
En parallèle, les institutions financières internationales, telles que la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale ou encore les fonds souverains, multiplient les mécanismes de financement innovants pour accompagner les États dans leurs projets d’infrastructures. L’approche partenariale entre le secteur public et le secteur privé (PPP) se consolide comme une réponse pragmatique à la faiblesse des budgets nationaux, tout en stimulant l’innovation technologique et l’efficience opérationnelle. Ces partenariats permettent notamment le développement de hubs logistiques, de plateformes portuaires intégrées, de zones économiques spéciales, ou encore de solutions numériques appliquées à la gestion du trafic et à la sécurité des infrastructures. À ce titre, il est essentiel de rappeler que les actualités en Afrique traitant des grands projets d'infrastructures et des solutions logistiques sont de plus en plus suivies par les décideurs, les bailleurs de fonds et les observateurs internationaux qui cherchent à mesurer l’évolution des dynamiques économiques régionales.
En dépit de ces avancées, les défis structurels persistent. Les déficits en matière de maintenance, l’obsolescence de certains équipements, les lenteurs administratives et les entraves à la libre circulation des biens et des personnes constituent autant d’obstacles à la performance globale du système. À cela s’ajoutent des enjeux liés au changement climatique, à la pression démographique et à l’urbanisation galopante, qui appellent une approche plus résiliente et durable des politiques d’infrastructures et de logistique. La planification urbaine intégrée, l’usage de matériaux écoresponsables, la transition vers des modes de transport moins polluants et l’adaptation aux risques climatiques deviennent alors des impératifs stratégiques.
Cette réalité ouvre également la voie à des solutions innovantes portées par les nouvelles technologies. L’intelligence artificielle, l’Internet des objets (IoT), la blockchain, les plateformes numériques de suivi des cargaisons ou encore la cartographie en temps réel révolutionnent les pratiques logistiques. Elles permettent une gestion plus fine des chaînes d’approvisionnement, une réduction des pertes post-récoltes, une anticipation des ruptures de stocks, ainsi qu’une meilleure allocation des ressources. L’innovation devient un facteur différenciant pour les entreprises africaines désireuses de conquérir de nouveaux marchés, en s’adaptant aux exigences d’une économie de plus en plus digitalisée.
En outre, la gouvernance du secteur reste un élément clé. Elle suppose la mise en place de cadres réglementaires transparents, la lutte contre la corruption, la coordination interinstitutionnelle, ainsi qu’une stratégie cohérente à l’échelle nationale et régionale. La professionnalisation des acteurs, la formation continue, ainsi que le renforcement des capacités techniques et managériales apparaissent comme des conditions essentielles à la pérennité des infrastructures et à l’efficacité des systèmes logistiques. Le rôle des collectivités territoriales, des opérateurs économiques et de la société civile doit également être valorisé dans une logique de gouvernance partagée.
Par ailleurs, la logistique urbaine constitue un enjeu croissant dans les métropoles africaines confrontées à l’explosion démographique, à la congestion routière et à la pollution atmosphérique. L’essor du commerce électronique, combiné aux mutations des modes de consommation, exige une réinvention des chaînes logistiques, notamment en matière de livraison du dernier kilomètre, de mutualisation des transports et de développement de micro-hubs de distribution. La planification intelligente des flux urbains, en lien avec les mobilités douces et les infrastructures de transport public, représente un levier d’amélioration du cadre de vie et de dynamisation de l’économie locale. Dans une perspective stratégique, l’actualité économique africaine, à travers les mutations infrastructurelles, les réformes de la gouvernance logistique et l’essor des corridors de transport intégrés, illustre les profondes recompositions structurelles à l’œuvre sur le continent, révélant une volonté partagée de bâtir des fondations économiques robustes et interconnectées
Dans un tel contexte, les politiques d’infrastructures et de logistique doivent impérativement s’inscrire dans une vision à long terme, anticipant les évolutions démographiques, technologiques, économiques et environnementales du continent. L’alignement des stratégies nationales avec les priorités régionales et les agendas internationaux, tels que l’Agenda 2063 de l’Union africaine ou les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, constitue un gage de cohérence et d’efficacité. Il est également crucial d’encourager la coopération Sud-Sud, les échanges de bonnes pratiques et le partage d’expertise technique, afin de bâtir une intelligence collective au service d’un développement intégré.
Il convient de souligner que l’attractivité du continent africain, en tant que terre d’opportunités, dépendra fortement de sa capacité à moderniser ses infrastructures, à fluidifier ses chaînes logistiques et à renforcer sa compétitivité territoriale. La résilience des systèmes d’approvisionnement, la souveraineté industrielle et la sécurisation des échanges passent par une transformation en profondeur des réseaux de transport, des installations énergétiques, des technologies de l’information et de la communication, ainsi que des mécanismes de gouvernance.
Les infrastructures et la logistique ne peuvent plus être considérées comme de simples supports au développement, mais bien comme des vecteurs stratégiques de transformation économique et sociale. Leur dynamisation exige une vision holistique, une mobilisation multisectorielle et une coopération renforcée entre les acteurs publics, privés et communautaires. L’Afrique dispose des ressources humaines, naturelles et institutionnelles pour relever ce défi, à condition de construire des systèmes résilients, adaptatifs et innovants, à la hauteur des aspirations de ses populations.
C’est dans cet esprit que CEO Afrique consacre une page entière à cette thématique de premier plan, dans le souci de fournir des analyses approfondies, des données fiables, et une lecture stratégique des enjeux et des opportunités à saisir. En mettant à disposition cette ressource spécialisée, la plateforme participe activement à l’éclairage des décideurs, des investisseurs, des chercheurs et des citoyens engagés dans la transformation du continent.
À ce titre, il est important de noter que les débats sur l’économie africaine, notamment à travers les relations entre développement logistique, chaînes de valeur continentales et infrastructure durable, structurent désormais les discussions stratégiques des grandes institutions et nourrissent les visions prospectives des principaux acteurs de la croissance africaine.
Afrique en construction : les chantiers qui redessinent le continent
Au cœur des dynamiques de transformation économique et sociale du continent africain, les projets d'infrastructure en cours jouent un rôle pivot dans la redéfinition des territoires et des flux. Routes transnationales, ponts enjambant des bassins fluviaux stratégiques, aéroports internationaux en expansion, ports modernes et corridors logistiques en construction : autant de chantiers qui traduisent l’ambition croissante des États africains, de leurs partenaires au développement, et d’acteurs privés à renforcer l’intégration régionale et à stimuler la croissance inclusive. Ces projets, emblématiques d’une Afrique en mouvement, s’inscrivent dans une logique de désenclavement territorial, d’amélioration de la connectivité et d’optimisation de la logistique continentale, dans un contexte souvent marqué par l’hétérogénéité géographique, la pression démographique et les impératifs climatiques.
Cette poussée infrastructurelle est alimentée par une volonté croissante d’assurer une meilleure accessibilité spatiale dans des régions longtemps marginalisées par les investissements publics. Les zones sahéliennes, les marécages du bassin du Congo, les zones désertiques du Sahara ou encore les régions montagneuses d’Afrique de l’Est sont désormais au cœur de programmes d’aménagement. De nombreux projets ciblent spécifiquement les axes de désenclavement, par exemple les routes bitumées traversant les régions enclavées ou les ponts mobiles connectant les bassins économiques isolés. Le renforcement du maillage routier, la modernisation des pistes rurales, la création de centres logistiques et de plateformes de transit dans les zones d’influence urbaine ou périurbaine viennent répondre aux exigences d’une population urbaine croissante et mobile.
Parallèlement, ces projets s’inscrivent dans des corridors stratégiques tels que le Dakar-Bamako, l’Abidjan-Lagos ou encore le LAPSSET (Kenya-Éthiopie-Soudan du Sud). Ces corridors d’intégration sont conçus comme des artères économiques majeures visant à fluidifier les échanges Nord-Sud et Est-Ouest, à accélérer les flux transsahariens et à réduire les goulets d’étranglement logistiques. En intégrant des postes frontières intégrés, des ports secs, des points de rupture de charge et des infrastructures communautaires telles que les bornes fontaines ou les centres polyvalents, ils participent à l’aménagement harmonieux des territoires traversés, tout en limitant les inégalités spatiales d’accès aux services de base.
De nombreux acteurs convergent autour de ces projets, à commencer par les bailleurs de fonds internationaux comme la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD) ou encore les partenaires bilatéraux asiatiques et européens. À cela s’ajoute l’implication croissante d’acteurs locaux : gouvernements, autorités coutumières, ONG, syndicats de transporteurs et entreprises communautaires, qui participent à la co-construction de solutions adaptées aux réalités territoriales. Cette diversité d’intervenants génère une complexité de gouvernance mais permet également de renforcer la légitimité et la durabilité des infrastructures mises en place.
En outre, la structuration des réseaux logistiques autour de hubs émergents participe à une meilleure organisation de la chaîne d’approvisionnement régionale. Les centres de distribution, zones portuaires, plateformes arrière-pays et points frontières font désormais l’objet de politiques de concentration logistique. L’objectif étant de limiter les ruptures de charge, de réduire les surcoûts douaniers et de maîtriser les flux de marchandises, dans un contexte où la logistique du dernier kilomètre reste souvent pénalisée par l’informalité, la lenteur administrative et l’absence de cartographie précise. La densité infrastructurelle reste inégale selon les régions : les zones urbaines connaissent une saturation croissante, tandis que les zones rurales, notamment dans le nord du Mali, l’est de la RDC ou certaines aires transfrontalières de la SADC, demeurent insuffisamment desservies.
La montée en puissance des technologies numériques contribue à pallier certaines limites. Le recours aux SIG (Systèmes d’information géographique), au drone mapping, à la géolocalisation, ou encore au suivi des marchandises via tracking mobile, améliore la planification logistique et la gestion des réseaux. Par ailleurs, des solutions innovantes telles que l’usage des drones pour la livraison en zone rurale, les paiements par mobile money pour le transit de marchandises, ou encore les plateformes de e-logistique (notamment en Afrique de l’Est) permettent de contourner certains verrous structurels. Ces innovations sont aussi portées par des start-ups africaines, des initiatives féminines dans la chaîne logistique et des coopérations multilatérales avec des organisations comme TradeMark Africa ou le WFP.
La prise en compte du contexte postcolonial dans l’aménagement des infrastructures reste un enjeu crucial. Le tracé des axes, les priorités d’investissement et les logiques régionales de coopération sont encore influencés par des héritages institutionnels, linguistiques et culturels. Ainsi, les projets d’infrastructure doivent également répondre aux défis liés au multilinguisme, à la gouvernance locale, et à la fragmentation territoriale. Les frontières, bien que formellement ouvertes par les unions régionales (CEDEAO, SADC, COMESA), demeurent souvent peu perméables sur le plan logistique, avec des points de contrôle multiples, des tracasseries administratives et une absence de coordination entre autorités nationales.
Dans ce contexte, les zones économiques spéciales, les bassins économiques transfrontaliers et les pôles logistiques émergents se présentent comme des leviers puissants de transformation. Ils permettent d’optimiser les réseaux éclatés, de créer des synergies interrégionales et de renforcer la connectivité entre les territoires enclavés et les marchés internationaux. Leur efficacité dépend toutefois de la capacité des États à assurer une maintenance continue des infrastructures critiques, à limiter leur dépendance aux financements extérieurs, et à promouvoir des modèles de gouvernance inclusifs et adaptatifs.
Il convient aussi de souligner que les projets d’infrastructure doivent intégrer les enjeux de résilience climatique. L’adaptation aux extrêmes météorologiques (sécheresses sahéliennes, inondations tropicales, montée des eaux côtières) devient un impératif dans la conception des routes, ponts et bâtiments logistiques. L’usage de matériaux durables, la planification territoriale fondée sur la télédétection et la cartographie des risques, ainsi que la prise en compte des mobilités alternatives (charrettes, tricycles, péniches) permettent d’anticiper les perturbations et d’accroître la résilience des territoires.
L’impact de ces projets ne se mesure pas seulement en kilomètres de routes bitumées ou en volumes de marchandises acheminées. Il se lit aussi à travers la transformation des paysages sociaux, la réorganisation des flux économiques, et l’émergence de nouvelles centralités territoriales. L’infrastructure devient ainsi un vecteur de recomposition spatiale, de redistribution des opportunités et d’intégration continentale. À travers les cartes de densité logistique, les zonages stratégiques et les plans d’aménagement transfrontaliers, les États africains dessinent les contours d’un continent interconnecté, résilient et souverain dans sa logistique.
L’observation des chantiers en cours, des corridors en émergence et des innovations techniques dans le domaine des infrastructures constitue une clé de lecture essentielle pour appréhender les trajectoires futures du développement africain. Cette section consacrée aux projets d’infrastructure en cours vise précisément à offrir cette vue d’ensemble. Elle rassemble les informations les plus pertinentes, cartographies, données techniques, analyses géopolitiques et études de cas concrètes, afin de comprendre l’évolution de ces structures de base indispensables à l’essor d’un continent en pleine reconfiguration territoriale et logistique.
Transport et mobilité en Afrique : les routes de la transformation
La question du transport et de la mobilité s’impose comme un enjeu transversal structurant, à l’intersection des défis économiques, sociaux, territoriaux et environnementaux. Dans un espace caractérisé par une diversité géographique extrême, allant des marécages côtiers du Golfe de Guinée aux déserts du Sahara, en passant par les hauts plateaux éthiopiens ou les zones enclavées du bassin du Congo, les réseaux de transport conditionnent l’intégration des territoires et la connectivité des populations.
L’évolution des infrastructures de transport en Afrique reflète des décennies d’héritage postcolonial, d’initiatives nationales fragmentées et de programmes de coopération régionale plus ou moins aboutis. À cela s’ajoutent les contraintes imposées par la géographie naturelle, la faiblesse de la densité infrastructurelle hors des grands centres urbains, ainsi que la vulnérabilité des équipements face aux effets du changement climatique. Dans de nombreux pays, le réseau routier reste encore peu maillé, avec une couverture géographique insuffisante dans les zones rurales et périurbaines. La distance-temps entre les centres de production et les pôles de consommation reste un obstacle majeur à l’émergence d’une économie intégrée.
Au-delà des simples infrastructures routières, les axes d’exportation et les corridors logistiques prennent une importance stratégique. Des corridors comme Abidjan-Lagos, Dakar-Bamako ou le Central Corridor en Afrique de l’Est constituent de véritables artères vitales, supportant des flux Nord-Sud ou transsahariens essentiels pour les échanges commerciaux interrégionaux. L’efficacité de ces corridors dépend d’une multitude de facteurs : qualité du bitumage, fluidité aux postes frontières, intégration des plateformes logistiques, connectivité aux ports maritimes, gestion des ruptures de charge. Les goulets d’étranglement logistiques, souvent concentrés autour des nœuds d’interconnexion ou des zones de saturation urbaine, freinent encore considérablement la compétitivité continentale.
Ce constat s’accompagne de la persistance de fortes inégalités territoriales. Les régions montagneuses, les zones sahéliennes et les espaces insulaires restent en marge des principales dynamiques de développement infrastructurel. L’isolement géographique de certaines zones accentue les phénomènes de fragmentation territoriale et d’inégal accès aux services de transport. Dans certains cas, le maillage routier reste rudimentaire, composé essentiellement de pistes rurales, parfois impraticables en saison des pluies. L’accès aux infrastructures critiques telles que les ponts mobiles, les axes transfrontaliers ou les dalles sur sol reste un enjeu quotidien pour des millions d’usagers.
En parallèle, le secteur du transport terrestre connaît une informalité prononcée, qui se manifeste par une prédominance de moyens non conventionnels comme les tricycles (keke, bajaj), les charrettes, ou encore les moto-taxis. Ces formes de mobilité de proximité, bien que précaires, répondent à une logique d’adaptation locale et pallient l’absence de réseaux de transport formels. Dans les centres urbains congestionnés, cette logistique intra-urbaine constitue souvent la seule alternative viable face à la saturation des axes principaux. Toutefois, elle s’accompagne de défis majeurs en matière de sécurité, de régulation, d’intégration dans les plans de mobilité urbaine et de réduction de l’empreinte carbone.
D’un point de vue maritime, les zones portuaires africaines connaissent une modernisation progressive, stimulée par l’augmentation du commerce international et les ambitions d’intégration régionale. Des hubs logistiques comme les ports de Mombasa, Lagos, Tanger Med ou Durban jouent un rôle croissant dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Néanmoins, le déficit en plateformes arrière-pays, en ports secs et en infrastructures de liaison terrestre continue de poser problème. La lenteur administrative, les tracasseries douanières et le surcoût logistique réduisent la fluidité des échanges et alourdissent les chaînes d’import-export.
Sur le plan aérien, la montée en puissance de compagnies nationales et régionales, la libéralisation du ciel africain à travers le Marché Unique du Transport Aérien en Afrique (MUTAA), ainsi que la modernisation de certains aéroports (Accra, Addis-Abeba, Kigali), contribuent à l’amélioration de la connectivité intra-africaine. Cependant, les disparités restent fortes, et plusieurs pays demeurent encore sous-desservis. La faible fréquence des vols, le coût élevé des billets, l’état des infrastructures aéroportuaires secondaires ou encore le manque de logistique adaptée au fret aérien constituent des obstacles persistants. Dans certaines régions enclavées, l’aviation légère ou l’usage de drones pour la logistique humanitaire, comme observé au Rwanda, représente une alternative prometteuse.
À l’échelle des politiques publiques, le désenclavement et la mobilité sont désormais au cœur des stratégies nationales de développement. Des projets de grande envergure voient le jour, portés par des partenariats public-privé, des bailleurs multilatéraux (BAD, Banque mondiale, AFD) et des initiatives bilatérales. Le LAPSSET (Kenya-Éthiopie-Soudan du Sud), le corridor Nord-Sud, ou encore les zones économiques spéciales dotées d’accès portuaire intégré, traduisent une volonté croissante d’adosser les infrastructures à des logiques d’industrialisation et de transformation locale. Ces projets s’inscrivent également dans une perspective de résilience climatique, avec une attention accrue à l’entretien, à la durabilité et à l’adaptation des infrastructures.
L’essor des technologies numériques, en parallèle, redéfinit les contours de la logistique africaine. L’émergence de solutions d’e-logistique, de tracking mobile par SMS, de paiements via mobile money ou encore de géolocalisation à travers les SIG (Systèmes d’Information Géographique), transforme les pratiques de transport, y compris dans les zones reculées. Des plateformes comme DHL Africa eShop ou des fintechs locales proposent des innovations adaptées au contexte africain, intégrant à la fois des contraintes de connectivité, de sécurité et d’infrastructure. Les outils de cartographie participative et de drone mapping enrichissent également les données disponibles pour la planification et le suivi des équipements.
La logistique du dernier kilomètre, souvent négligée, prend une importance capitale dans la structuration des chaînes d’approvisionnement rurales et dans la distribution de biens de première nécessité. Dans des contextes marqués par la discontinuité spatiale et la faible densité de population, des initiatives alternatives émergent : vélos cargo, programmes de livraison communautaire, coopératives de transport féminin, ou encore logistique humanitaire gérée par des ONG comme le Programme Alimentaire Mondial (WFP). Ces innovations, bien que ponctuelles, s’inscrivent dans une logique de logistique capillaire adaptée aux réalités africaines.
L’articulation entre les niveaux local, national et régional reste une problématique centrale. Si les unions régionales comme la CEDEAO, la SADC ou le COMESA promeuvent l’intégration transfrontalière, la réalité demeure marquée par des frontières peu perméables, des réseaux éclatés et une faible harmonisation réglementaire. L’absence de postes frontières intégrés, la complexité des formalités douanières et le manque de coordination inter-États freinent la création de véritables corridors d’intégration. Pourtant, des expériences pilotes existent, à l’image du poste frontière de Malaba (Ouganda-Kenya), ou encore du projet de guichet unique électronique dans l’espace UEMOA.
La réflexion sur le transport et la mobilité en Afrique ne peut être dissociée des enjeux de gouvernance. Le renforcement des capacités locales, l’implication des autorités coutumières, la participation communautaire et la prise en compte des réalités linguistiques et culturelles (multilinguisme, usage des langues locales) sont autant de leviers pour une appropriation durable des projets. De plus, la dimension artisanale et culturelle — y compris les savoir-faire locaux dans la construction, la signalétique ou l’entretien — offre des perspectives intéressantes d’intégration des métiers du transport dans les économies locales.
Les défis à venir appellent à une reconfiguration en profondeur des modèles actuels. La transition écologique impose une réduction de l’empreinte carbone du transport, une adaptation aux risques climatiques extrêmes (inondations, sécheresses), et une planification plus résiliente des réseaux. Les enjeux de sécurité, de maintenance des équipements, de protection des usagers et de régulation de l’offre doivent également être au cœur des agendas institutionnels.
Dans ce contexte en constante évolution, la section Transport et Mobilité du portail "Infrastructures & Logistique" ambitionne d’être un espace d’analyse approfondie, de veille stratégique et de valorisation des initiatives africaines en matière de mobilité terrestre, aérienne et maritime. Elle mettra en lumière les défis, mais surtout les réponses concrètes, les innovations endogènes et les perspectives d’intégration, en s’appuyant sur une cartographie vivante des acteurs, des infrastructures et des flux qui dessinent les futurs possibles du continent africain.
Au-delà des logiques de connectivité et d’intégration, les infrastructures de transport façonnent également les paysages urbains et influencent la structuration des espaces bâtis. Le dialogue entre mobilité, aménagement du territoire et formes urbaines est au cœur des mutations contemporaines des villes africaines. Dans cette optique, une réflexion croisée avec la thématique de l’architecture et de l’urbanisme s’impose, afin de mieux comprendre comment les choix infrastructurels reconfigurent les centralités, les dynamiques de peuplement et les modèles de développement urbain sur le continent.