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Les milieux d’affaires français et leurs homologues ivoiriens cherchent à renforcer leurs liens

Dernière mise à jour : 15 oct.


Les représentants des communautés d'affaires ivoiriennes et françaises plaident pour un partenariat renforcé, une association plus équitable et une collaboration pérenne.

"Développement du secteur privé en Côte d’Ivoire, quel impact sur les flux d'affaires avec les entrepreneurs français ?" : Tel a été l’intitulé de l’atelier qui s’est tenu le 6 Octobre dernier depuis l'AccorArena Paris dans le cadre du salon "Big 2022" — organisé par Bpifrance — , un événement auquel le webzine CEO Afrique a assisté en ligne.




Côté français, on y trouve Étienne Giros, président du CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique). Au niveau ivoirien, étaient présents, entre autres, Jean-Marie Ackah, président du CGECI (Confédération Générale des Entreprises des Entreprises de Côte d'Ivoire) et Hafou Touré Samb, fondatrice du cabinet de conseil en stratégie HTS Partners portant également la casquette de directrice de cabinet adjointe au Ministère ivoirien de la Promotion des PME de l'Artisanat et de la Transformation du Secteur Informel. Lors d’un atelier qui s’est tenu le 6 Octobre dernier à l'Accor Arena de Paris pour sa 8ème édition, dans le cadre de l’événement "Bpifrance Inno Génération", ce groupe de panélistes invités ont eu l’occasion d’exposer leur vision du développement du secteur privé en Côte d’Ivoire, sous le prisme des relations d’affaires entretenues entre les entreprises de cet État d’Afrique de l’Ouest et et celles de la France.


Le responsable du patronat ivoirien, Jean-Marie Ackah, qui a vanté les opportunités qu'offre son pays aux investisseurs, a également insisté sur le rôle de "tête de pont" que la Côte d’Ivoire peut jouer en direction de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest : « La Côte d'Ivoire, actuellement dotée d’une population de 30 millions d’habitants, atteindra à coup sûr les 40 millions d'habitants en 2035. Elle fait elle-même partie de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) comprenant huit pays et représentant plus de 100 millions d'habitants au sein d’une autre zone un peu plus large, la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), qui totalise plus de 300 millions d'habitants... C’est cet aspect sur lequel nous devons porter encore plus notre attention [ ... ]. Dès lors, la question se pose de savoir comment les entreprises françaises peuvent se mettre en meilleure position pour capter ces opportunités de marché » .


Une assertion à laquelle souscrit le président du CIAN, Étienne Giros : « La Côte d'Ivoire a su doubler son PIB et donc son potentiel de croissance en 10 ans. Cela constitue le meilleur argument pour s’y implanter ! ».


 
 

Troisième économie de l’Afrique de l’Ouest


Forte d’un taux de croissance de 7 % en 2021 et d’une stabilité politique retrouvée (après plusieurs années de crises politiques), la Côte d’Ivoire fait partie des destinations favorites des investisseurs sur le continent. Le pays, troisième économie de l’Afrique de l’Ouest, avec un PIB de 58,99 milliards d'euros selon la Banque Mondiale, est quasiment au coude à coude avec le Ghana ( PIB de 65,61 milliards d’euros), autre destination phare du continent et deuxième économie de la sous-région.


Les relations commerciales bilatérales attestent d’un climat relativement bon, par rapport à celles entretenues avec beaucoup d’autres pays d'Afrique. Ainsi, selon les données de la Direction général du Trésor, la Côte d’Ivoire est le second client de la France dans la partie subsaharienne du continent, avec des exportations françaises évaluées à 1,4 milliard d’euros en 2021, derrière l’Afrique du Sud, les produits pharmaceutiques constituant le premier poste de ventes de l’Hexagone, suivis des produits à base de tabac et des céréales. Parallèlement, au cours de la même année, le montant des importations françaises en provenance de la Côte d’Ivoire, composées en grande partie de cacao, de fruits tropicaux et de plantes à boisson, a atteint à 1,1 milliard d’euros.



Quant à ses investissements, la France marque sa distinction par sa forte représentation dans les sphères de l’économie de la Côte d’Ivoire, fournissant donc la plus forte présence hexagonale en Afrique subsaharienne.. Près de 750 entreprises, dont des filiales de grands groupes et des PME, y sont représentées et participent à l’économie ivoirienne, à l'instar de Carrefour et CFAO dans la distribution, Orange dans les télécoms, Air France et CMA-CGM dans les transports, Bouygues Construction et Vinci dans le BTP, "Compagnie Fruitière" et Danone dans l’agro-business ou Accor dans l’ hôtellerie.


Pour sa part, Hafou Touré Samb a mentionné plusieurs exemples de collaboration entre sociétés françaises et leurs pairs ivoiriens, mutuellement bénéfiques de par et d’autres : « Famoco, une FinTech française qui fournit une solution de contrôle et de sécurisation des transactions électroniques, a ouvert un bureau à Abidjan et travaille désormais énormément avec des PME ivoiriennes qui sollicitent de plus en plus ce savoir-faire [ ... ]. Dans le même ordre d’idée, la "French Tech Abidjan" organise régulièrement des rencontres avec des entrepreneurs locaux, afin d’échanger des informations par exemple sur l'état du climat des affaires ou les tendances du marché, aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en France. Ce partage de connaissance permet d’offrir aux intéressés une meilleure compréhension des deux écosystèmes », ajoutant au passage que les joint-ventures devraient constituer une voie d’avenir pour les investissements mutuels, réalisées par ces deux pays.


Par ailleurs, Paris ne ménage pas son aide financière, avec plusieurs millions d'euros d’aide publique au développement versés annuellement à la Côte d’Ivoire par l’AFD (Agence française de développement).


Une myriade d'opportunités d'investissement


Plusieurs secteurs offrent des perspectives prometteuses en termes de commerce et d'investissement en Côte d’Ivoire, l’idéal pour les entreprises françaises étant d’établir de solides réseaux de collaboration avec des partenaires ivoiriens dans le domaines des agro-industries — où il existe des besoins importants en ce qui concerne la transformation de produits tels que le cacao, l’huile de palme, le riz, le manioc, le maïs, les noix de cajou, le coton ou le caoutchouc, en vue de donner de la valeur ajoutée — , les énergies renouvelables, les technologies de l'information et de la communication et les matériaux de construction pour le BTP.


 
 

Teddy Roux, directeur Afrique de l'Ouest du cabinet ESPartners, tient cependant à nuancer avec grand soin son analyse sur la question : « L’idée est plutôt d’adopter une approche transversale des marchés en Côte d’Ivoire, touchant les secteurs d’activité ».


Quelques points de vigilance identifiés


Si la France demeure bien le premier investisseur étranger du pays, elle voit ses positions en train de s'effriter. La concurrence est rude, notamment de la part des entreprises chinoises, indiennes ou turques. Pour donner une impulsion à ce redéploiement économique commercial, Jean-Marie Ackah prodigue ses conseils à ce sujet : « Le monde entier, incluant la Chine, s'intéresse désormais à l’Afrique. Les Chinois savent construire des infrastructures de transport et facilitent l’accès aux financements beaucoup mieux que ne le font leurs homologues français ; c’est une réalité incontournable. Toutefois, la France et la Côte d’Ivoire partagent une histoire commune et des relations privilégiées ; elles appartiennent toutes les deux à une communauté linguistique francophone. J’invite donc les entreprises françaises à capitaliser sur ces liens et cette proximité culturelle pour être partie prenante dans des projets de co-construction et collaboration avec des sociétés ivoiriennes. C'est en suivant cette voie que l’on pourra rattraper le terrain perdu [ ... ] ». Force est de constater, cependant, que le climat géopolitique parfois agité à l'échelle mondiale et la montée du sentiment anti-français observée en Afrique subsaharienne, en particulier francophone, n'ont aucunement découragé les entreprises tricolores, au point de desserrer les liens économiques avec la Côte d’Ivoire.


 
 

De son côté, Étienne Giros tient néanmoins à relativiser la capacité des sociétés chinoises à acquérir des parts de marché importantes sur le continent africain en général, et en terre ivoirienne en particulier, et joue résolument la carte de l’implantation durable sur le marché local : « Les Chinois ne se rendent pas en Afrique avec l’objectif de s’implanter économiquement sur le très long terme. Ils vont effectivement réaliser de gros chantiers ou concrétiser des projets d’une durée de deux ou trois ans, puis s’en vont faire autre chose. À contrario, la grande caractéristique des entreprises françaises, en l’occurrence la quasi-totalité des membres du CIAN, réside dans le fait que ces dernières s’appuient grandement sur ses filiales déjà solidement implantées sur place pour pouvoir déployer leurs activités, d’autant plus que leur chiffre d'affaire local n’entre aucunement dans les statistiques douanières [ ... ] » .



Si Étienne Giros concède volontiers que c’est aux entreprises françaises — grands groupes, PME, ETI ou start-up — désireuses d’opérer dans les secteurs jugés prioritaires de l'économie ivoirienne, d'adapter leurs stratégies en fonction du contexte local, il met toutefois en exergue les efforts à fournir afin de surmonter les importantes rigidités structurelles du pays, n’hésitant pas également à énumérer les goulets d'étranglement qui constituent à ses yeux un frein important à l'intérêt que pourraient manifester les entreprises tricolores sur le marché ivoirien, et manifestant un certain niveau d’exigence, en sa qualité de président du CIAN, quant à la nécessité d’améliorer le climat des affaires : « [ ... ] Le but est de créer de la valeur ajoutée, c’est-à-dire sortir de la dépendance aux matières premières agricoles et autres ressources naturelles. La Côte d’Ivoire est en train d'emprunter cette voie, mais se doit d’accélérer la réalisation de cet objectif. Il faut que l’industrialisation soit compétitive, et que l’on propose des produits de grande qualité régulière, ce qui n’est pas toujours le cas. Or l’expérience montre que les produits industrialisés qui n’atteignent pas la qualité requise peinent quelquefois à s'imposer au niveau international. Par ailleurs, pour assurer cette compétitivité, il est nécessaire de rendre l’environnement des affaires beaucoup plus "business-friendly", où il faudrait davantage de personnel qualifié, davantage de routes, moins de coupure d’électricité etc ... Le secteur privé peut contribuer à réaliser cela, mais il ne peut pas le faire tout seul ».


 

Par Harley McKenson-Kenguéléwa


 

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