top of page

Climat des affaires en Afrique : Quelles perspectives pour les entreprises en 2021 ?

Dernière mise à jour : 30 déc. 2023


Comme à chaque début d’année, le Conseil Français des Investisseurs en Afrique (CIAN) a publié son baromètre de la conjoncture et de l'environnement des affaires sur le continent africain, réalisé en partenariat avec le quotidien "l'Opinion". Sa directrice générale, Sandrine Sorieul, a apporté son éclairage et décrypté ce rapport au cours d’une webconférence, dans le cadre du " Forum Afrique CIAN 2021 " .




Le CIAN ( Conseil français des Investisseurs en Afrique) a communiqué son dernier baromètre du même nom, portant sur les affaires en Afrique, lors du "Forum Afrique" qui s’est tenu en ligne le 18 Mars 2021, intitulé " Le rebond en Afrique viendra aussi des entreprises ! ".


« L’enquête 2020 a été réalisée auprès des dirigeants de filiales africaines des entreprises internationales, avec l’aide des adhérents du CIAN, le réseau des Chambres de Commerce franco-africaines de CCI France, la Team France Export, l’agence Business France et les Conseillers du commerce extérieur. Nous n’interrogeons pas les sièges sociaux des sociétés, mais plutôt les implantations locales qui, elles, sont en mesure de donner une photographie et d’apporter leur regard sur l’environnement des affaires sur le continent [ ... ]. Il existe deux volets dans cette enquête : le volet conjoncturel et le volet structurel » explique la directrice générale du CIAN, Sandrine Sorieul.


Ce rapport table sur une récession de - 2,1% sur le continent, contrairement aux 2,3 % de croissance positive attendue par les experts. Un recul du PIB (produit intérieur brut) qui s'explique en grande partie par les graves difficultés que connaissent les entreprises africaines et les filiales de sociétés étrangères, occasionnées par l'épidémie de Covid-19. La crise sanitaire a impacté plus particulièrement certains secteurs, qui sont à l’arrêt ou quasiment à l’arrêt : il s’agit entre autres du transport aérien et du tourisme — incluant, le secteur du MICE [ de l’acronyme anglais Meetings, Incentives, Conferencing, Exhibitions : Réunions, Séminaires incentives, Conférences et Événements professionnels, NDLR ].


« Seules les entreprises du secteur alimentaire, qui fournissent notamment des produits alimentaires de base, s'en sont bien sorties . Celles disposant d'un portefeuille bien diversifié — le transport, la logistique, le BTP — ont aussi repris leur activité » analyse Sandrine Sorieul.


 
 

Parmi les secteurs en lambeaux, est également citée l’Éducation, où un bon nombre d’écoles, collèges, lycées et d’universités sont restés fermés pendant de longues périodes. Mais c’est surtout le rôle de la Chine, dans le ralentissement de ses échanges commerciaux avec l’Afrique, qui est mis en exergue.


« [ ... ] En début d'année, la Chine a acheté moins de matières premières puisqu’elle avait verrouillé son économie, ce qui a impacté négativement les économies des pays producteurs de matières premières qui misent sur leurs exportations. Mais la Chine connaît une reprise économique, poursuivant donc son rattrapage » affirme Sandrine Sorieul.


Toutes les économies africaines ne sont pas affectées avec la même ampleur. Le rapport du CIAN insiste sur l'impact disparate de la pandémie et des perspectives de reprise à travers le continent africain. Les entreprises dont l'activité a été la plus perturbée par la COVID 19 sont domiciliées en Afrique du Nord et en Afrique Centrale. Celles qui s'en sortent le moins mal se trouvent en Afrique de l’Ouest et en Afrique australe.


Une dégradation de la trésorerie des sociétés


La Covid-19 a meurtri les fonds des entreprises, certaines d’entre elles constatant une baisse de leur chiffre d'affaires au cours de l'année 2020 en comparaison à la période précédente. Celles qui opèrent par exemple au Niger, au Kenya et en Éthiopie ont su tirer leur épingle du jeu, alors que la situation financière des sociétés en Tunisie, au Tchad et en Tanzanie est beaucoup plus alarmante. Le rapport prend soin, cependant, de mettre en lumière les limites de l'exercice.


« 100% des entreprises en Tanzanie nous ont indiqué qu’elles étaient affectées. Je crois que cela est lié au fait que notre échantillon est assez petit, d’autant plus quelques unes d’entre elles ont des activités dans le secteur du tourisme [ ... ] » concède Sandrine Sorieul.


Crédit photo : ©CIAN



Partant de constat, il a été effectivement difficile, dans ces conditions, d’en tirer des résultats statistiquement significatifs dans ce pays d’Afrique de l’Est.

Les sociétés, implantées chez les deux poids lourds du continent, affichent pour chacun d’eux des résultats contrastés.


« L’impact de la crise sur les entreprises en Afrique du Sud est assez contenu. Pour ce qui est du Nigeria, deuxième économie africaine, on a l’effet de de la dépendance au pétrole [ ... ] » ajoute Sandrine Sorieul


 
 

À noter les performances accomplies par près de 50% des entreprises opérant en Côte d’Ivoire qui ont vu leur chiffres d'affaires se maintenir à des niveaux relativement corrects, malgré une période particulièrement tendue, liée à l’élection présidentielle ivoirienne.


Perspectives de rebond en 2021 : des prévisions disparates selon les pays


Selon l’étude du CIAN, des États comme l’Égypte, le Kenya ou la Côte d’Ivoire pourraient suivre une trajectoire d'une demande qui favorise le retour de la croissance et qui renoue avec la rentabilité des entreprises, sortant ainsi la tête hors de l'eau au cours de l’année 2021. Les économies les plus dynamiques se situeraient également en République Démocratique du Congo, en Éthiopie et au Cameroun, pays dans lesquels les entreprises enregistreraient une forte croissance de leur activité. L’Île Maurice, Madagascar ou l’Algérie seraient dans une dynamique similaire, avec de meilleures marges bénéficiaires pour les sociétés qui s’y trouvent. À contrario, les perspectives sont sombres, notamment en Tunisie et en République Centrafricaine.


« La Tunisie est très marquée par l’arrêt du tourisme et par une gouvernance qui est en train de se réinventer [ ... ] » souligne Sandrine Sorieul.


 
 

La Centrafrique, quant à elle, pâtit des conséquences de ses crises politiques antérieures à répétition et son économie est pour l’instant placée sous " respirateur artificiel ", par le biais de l'aide internationale et autres formes de dons.


Climat des affaires : entre optimisme et incertitudes


Le CIAN s'est appuyé sur trente neuf critères de performance en matière d’attractivité des territoires, parmi lesquels la qualité des infrastructures, l’administration, l’économie & la finance, le social, les facteurs de coût de production et le développement durable. D’une manière générale, la plupart des pays d'Afrique ont engagé de vastes réformes et adopté diverses stratégies pour améliorer leur environnement des affaires.


« Les projets sont financés par l’aide publique au développement et cela avance bien. Les infrastructures continuent d’être renforcées. les routes s’améliorent, les ports fonctionnent normalement, les équipements télécoms et l’accès à Internet sont satisfaisants [ ... ] » observe Sandrine Sorieul.


Un classement qui réserve peu de surprises : L’Île Maurice occupe la première place, suivi par le Maroc. Le Mozambique se contente d'une troisième place, talonnée par l’Égypte et l’Afrique Sud. À l’opposé, des pays comme le Gabon, le Congo, la Guinée Équatoriale, le Tchad, la Centrafrique et la République Démocratique du Congo figurent parmi les plus mal notées.


« En matière d’équipements, l’Afrique centrale reste toujours un petit peu en retard, par rapport au reste du continent » poursuit la directrice générale du CIAN.


Crédit photo : ©CIAN



Force est de constater que les nombreuses coupures de courant, en plus de faire plonger dans l’obscurité la plupart des principaux centres de décision économiques, entravent également à la bonne marche des entreprises.


« Le coût de l’électricité est aussi lié à l’insuffisance de la capacité du réseau de distribution électrique [ ... ]. Les entreprises sont donc amenées à pallier à ces fréquentes pannes d'électricité en utilisant des groupes électrogènes et d’autres moyens d’équipements, ce qui a l’inconvénient de renchérir les coûts de production » conclut Sandrine Sorieul.


 

Par Harley McKenson-Kenguéléwa


 


 

Tags :

© Copyright
bottom of page