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Diaspora centrafricaine, l'ultime recours ?

Dernière mise à jour : 30 déc. 2023


La communauté centrafricaine résidant à l’étranger peut constituer un puissant levier de croissance, sous réserve que l’État prenne sa part de responsabilité dans la facilitation du retour au pays.

(Source Forbes Afrique)

Bien conscient des conséquences des différents conflits qui ont secoué la Centrafrique pendant des décennies, le nouveau président, Faustin-Archange Touadéra, a entrepris de lancer une série de chantiers titanesques. Bien entendu, la restauration de l’ordre public et la tenue d’une réconciliation nationale constituent les toutes premières priorités. Mais le chef de l’État a également un autre gros dossier en ligne de mire : la reconstruction d’une économie en piteux état qui, en réalité, n’a jamais pris son envol depuis l’indépendance du pays en 1960. D’autant plus que les rares entreprises locales à avoir survécu aux diverses crises politico-militaires ont vu leur matériel pillé ou détruit. Ce redressement ne se fera pas du jour au lendemain. Dans cette perspective, Faustin-Archange Touadéra ne peut ignorer les membres de la diaspora, mieux formés et plus expérimentés, qu’il pourrait associer à sa mission, en raison de la défaillance totale du système éducatif centrafricain qui ne parvient plus à produire les élites de demain. Les grèves à répétition des enseignants et les conflits armés ont paralysé le fonctionnement du ministère de l’Éducation. Par ailleurs, faut-il le rappeler, l'état actuel de l'éducation nationale est le pur produit de l’héritage d’une période coloniale, au cours de laquelle les élites étaient davantage encouragées à occuper des postes dans l’administration, contrairement aux pays d’Afrique anglophone où l’initiative privée était alors davantage valorisée.

 
 

Encourager les initiatives

Aujourd’hui encore, une bonne partie de la jeunesse centrafricaine plébiscite le fonctionnariat, une " filière " qu’elle considère comme la seule voie royale pour faire une bonne carrière, mais surtout, une garantie de sécurité. Certes, les Centrafricains de la diaspora ne sont pas aussi nombreux que leurs confrères sénégalais, camerounais ou ivoiriens. Selon l’INSEE (Institut nationale de la statistique et des études économiques), le nombre de Centrafricains résidant en France s’élèverait à 11 000. Toutefois, les cerveaux ne manquent pas, et nombreux sont ceux qui occupent des postes de cadres de haut niveau dans presque tous les secteurs d’activité. Bien évidemment, ce serait faire preuve de naïveté que d'affirmer que le retour de la diaspora en Centrafrique réglera tout d'un coup de baguette magique. Les Centrafricains de l’étranger sont, pour certains d’entre eux, très politisés, ce qui explique en partie leur souhait d’exercer des fonctions au cœur du système politique ou ayant une proximité avec le pouvoir dans l’optique où ils reviendraient au pays. Très peu de personnes envisagent la création d'une entreprise, véritable moteur de croissance et pourvoyeur d'emplois et de richesse. D’autre part, les rares particuliers percevant de très hauts revenus n’ont jamais songé à puiser dans leur patrimoine personnel pour investir dans des projets entrepreneuriaux à fort potentiel.

 
 

« Une véritable politique d’encouragement par les pouvoirs publics aurait permis la réalisation des grands projets et la création de nombreux emplois », confiait Bertrand Kemba, président de l’association DIAMESCA (Diaspora de l’émergence centrafricaine) au site d’information Le Confident.

Il ne s’agit en aucun cas d’accorder des avantages fiscaux aux entreprises nouvellement créées, puisque les caisses de l’État sont vides et doivent être renflouées au plus vite en vue d’alimenter les budgets. Mais les nouvelles instances gouvernementales peuvent jouer un rôle majeur dans la sensibilisation du public aux questions touchant à l’entrepreneuriat et au capital-investissement. Cette campagne de sensibilisation, si elle était menée, pourrait s’inscrire dans le cadre d’un forum économique organisé à Bangui, calqué sur le modèle ivoirien « Investir en Côte d’Ivoire 2014 », au sein duquel les seuls mots d’ordre seraient émergence, développement économique, opportunités d’investissement et innovation.

 

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